L'histoire :
Bisexuelles, Maggie et Hopey habitent dans une banlieue hispanique de Los Angeles. Leur quotidien est rythmé de nombreuses activités variées : faire réparer une voiture, passer l'après midi autour d'une piscine, espionner sa mère avec son amant, des souvenirs d'enfance qui reviennent, une sortie avec un collègue dans les boites de strip-tease pour noyer son ennui, la tenue d'un bureau de vote un jour d'élection, une course d'endurance qui est l'occasion de faire le tri dans ses sentiments... Mais en fil rouge de leurs activités, il est toujours question de sentiments, d'amour et de sexe.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans Locas, nous suivons la vie de tous les jours de deux héroïnes bisexuelles, réparties en 43 chapitres variés, tant au niveau de la longueur que du récit et des thèmes évoqués. Les influences culturelles foisonnent dans ce récit : télénovelas, Amérique centrale, quartiers pauvres de Los Angeles, bande dessinée des années 1950 autant que bande dessinée underground de la fin des années 1960, science-fiction, littérature sud-américaine… et j'en passe. C'est dire si les histoires de Maggie et Hopey sont variées. Les héroïnes de Jaime Hernandez hurlent, rient, bref ont vraiment la rage de vivre. En une quarantaine de petites touches, sans hésiter à se montrer parfois extrêmement trash, l’auteur américain offre des portraits surréalistes de femmes atypiques, voire même hors normes. Pour cela, il varie avec bonheur les styles graphiques et narratifs, rendant ainsi hommage tant aux comics de science fiction des années 40-50, au cartoon façon Peanuts, ou à la ligne claire moderne. L’ensemble se déguste peu à peu, comme un plat très riche qui se mange lentement, en plusieurs fois. Car il se révèle si riche, qu’en l’avalant d’une seule traite, il en serait indigeste. Ce n'est d'ailleurs pas très étonnant ce cette compilation de plus de 200 pages denses, constituant une réunion des albums parus de 1996 à 2003 (sept années). On ne peut d'ailleurs que regretter le traitement que les éditeurs français réservent aux ouvrages des frères Hernandez en les publiant de manière disparate. Ce recueil se révèle majeur pour les amateurs de comics indé, façon graphic novel, et déroutant pour la plupart des autres lecteurs : avec son caractère bien trempé, il n'est pas à mettre entre toutes les mains…