L'histoire :
Novembre 1989. Ethan Reckless est parti à San Francisco. Son boulot : rechercher une personne disparue lors du tremblement de terre. Anna reste en ville, elle se chargera de la programmation du El Ricardo, la salle de cinéma et domicile d'Ethan. Un Kurosawa et dans la semaine un Lynch, Blue Velvet... C'était absolument pas prévu de prendre une affaire, jusqu'à ce Lorna Valentine entre dans le cinéma. Elle sait qu'Anna fait des enquêtes mais qu'elle n'a pas de licence. Cette Lorna Valentine, ce n'est pas non plus n'importe qui. En tout cas elle était plus connue dans les années 60 et 70 sous son nom de scène : Evillina. Elle avait joué dans quelques films d'horreur et de SF à petit budget dans sa jeunesse et Fangoria l'avait listée parmi les « scream queens » de l'ère des séries B. Les scream queens, ces actrices qui poussent un cri d’horreur quand le vampire, le zombie, l'extra-terrestre ou le Loup-Garou surgissent. Lorna s'était surtout fait connaître à la télé, en présentant chaque samedi soir, en seconde partie, le film d'épouvante sur Channel 4. Et donc l'ex « star » prétend avoir hérité d'un manoir hanté et elle demande une enquête... Et voici Anna à terre, qui se vide de son sang et regrette vraiment d'avoir accepté cette affaire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a des auteurs dont on aime être les lecteurs contemporains et même si c'est devenu un poncif, le duo Ed Brubaker/Sean Phillips restera comme une équipe artistique mythique du comics, avec le polar comme noyau dur. Ce quatrième tome de Reckless, la série conçue comme autant de one-shot mais qui forment un univers cohérent, a de quoi surprendre. Il apparaît même comme une pause presque rafraichissante et propose de donner le premier rôle à son personne secondaire, Anna, l'intendante du cinéma et surtout la complice d'Ethan Reckless. En envoyant celui-ci à San Francisco, dans une aventure qui sera la suivante, Ed Brukaker ouvre un tiroir différent, puisqu'il joue sur des stéréotypes féminins différents de la femme fatale (qu'il maîtrise pourtant si bien). Exit aussi les brutes et leur 38 Spécial... Clairement, le scénariste s'amuse et cette fois-ci ,il fait un clin d’œil à Hollywood et ses années de cinéma muet. Alors on se laisse bercer par cette histoire du Manoir de Laszlo Lamour, un trésor maudit, des légendes urbaines et peu à peu, lentement mais inexorablement, on s'enfonce en même temps qu'Anna dans les méandres d'une sombre histoire... Tout est en place, Sean Phililips et son coloriste de fils font dans la sobriété, ça s'appelle l'élégance. Encore un nectar noir qui va doucement vous hanter !