L'histoire :
Pas mal de monde, et pas du beau monde, a entendu parler de ce numéro de téléphone. Un truc comme le 1-800. On laisse un message sur le répondeur, à propos du genre d'emmerdes qu'on a. Celles pour lesquelles on ne peut pas appeler les flics, pour un tas de raisons. Et si l'histoire est assez bonne, il y a ce gars qui rappelle et débarque pour régler le problème. Ce gars, c'est Ethan Reckless. Il est basé à LA et son business tourne depuis le milieu des années 70. On est en 1981 et cela fait donc six ans qu'il filtre les appels. C'est lui qui choisit le client. Sa planque et son QG, c'est l'El Ricardo, un vieux cinéma la plupart du temps fermé. Il a négocié avec un gros client la possibilité de récupérer le bâtiment et il y a installé son appartement. La routine d'Ethan, c'est d'accomplir un contrat, empocher une coquette somme et pouvoir aller surfer quelques mois. Mais ce jour-là, quand il reçoit un message d'un certain Donovan Rush, il sait qu'il va devoir travailler sur un «vieux dossier»...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ed Brubaker le confie dans sa postface : c'est un souvenir d'enfance, celui de son père lisant des pulps, qui est venu lui donner envie d'écrire une histoire «à l'ancienne», de celles qui faisait l'objet d'une couverture sexy. Alors tout lui est venu naturellement et en particulier le personnage principal, Ethan Reckless, dont le portrait ne pouvait qu'être un dur à cuire. Un type qui, lors de ses jeunes années, fut un infiltré du FBI parmi un groupe de hippies radicaux. Et comme toujours avec le scénariste, il s'agit aussi d'une gueule cassée, parce que la vie est venu le briser. La drogue (le LSD) et tomber amoureux d'une cible, deux interdits que le jeune agent du FBI a franchi, ce qui va lui valoir une mise au placard, avant d'être gentiment viré. Alors il ne reste plus à Reckless que de se mettre à son compte et oublier toutes les règles. Money talks, c'est la seule chose qui compte depuis. Alors les fantômes de son passé vont resurgir, en l'occurrence la seule femme qu'il a jamais aimée et qu'il n'a plus revue depuis 30 ans. Et bien sûr, elle va lui demander de la sortir de la panade et il va s'y plonger jusqu'au cou. Alors on ne vous en dira pas plus, sauf vous assurer qu'on retrouve une nouvelle fois dans ce récit de très nombreux stéréotypes du polar, un peu comme si Brubaker en détenait l'essence, qu'il distille à son goût comme on mature les arômes d'un bon whisky. Pour le dessin, c'est sans surprise qu'on retrouve un Sean Phillips au style reconnaissable entre mille et qui bénéficie, une nouvelle fois, d'une colorisation réalisée par son fils, pour un visuel aux couleurs plutôt rétros. Voilà donc un nouvel opus qui vous embarquera dans le sillon noir et amer de ce Reckless...