L'histoire :
Cet album contient dix adaptations de quelques textes d'Edgar Poe, quelques fois réinterprétés. Il s'agit de :
- Le portrait ovale, Le Puits et le pendule, La Barrique d'Amontillado, le Corbeau, Le Cœur révélateur, Bérénice, Le Chat noir, Double assassinat de la rue Morgue, La Vérité sur le cas de M. Valdemar et Ombre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a des albums qui vieillissent mal et d'autres qui semblent être à l'abri du temps, parce qu'ils représentent précisément ce qui ce faisait de mieux à leur époque. Edgar Poe est de ceux là. Retour au début des années 80. Les éditions Fershid Bharucha prennent le parti de fabriquer de beaux livres, à la pagination conséquente (96 planches pour celui-ci) et surtout, qui proposent des auteurs encore assez peu diffusés. Si Richard Corben était déjà reconnu parmi les siens, il est aujourd'hui parmi les auteurs cultes. Il signe trois adaptations sur les dix inclus à ce volume. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il inaugure cet opus, avec «Le Portrait ovale». Cette histoire de possession plonge d'emblée le lecteur dans l'angoisse propre à la littérature de Poe, même si, au passage, Corben se permet le luxe d'inventer un duel au pistolet qui justifie les blessures du personnage principal, obligé de se réfugier dans un château abandonné avant qu'on puisse lui prodiguer des soins... Il signé également son fameux «Corbeau», plusieurs fois réédité depuis. C'est une des deux histoires colorisées de cet album. Enfin, dans «Ombre», Richard Corben remet ça, en inventant deux pleines pages issues de ses visions. Mais son trait est tellement magnétique et intrigant que cela colle parfaitement à la fantasmatique propre au poète maudit. Faisons désormais honneur à Bernie Wrightson, à l'époque, le plus jeune auteur de cette compilation. Son adaptation du «Chat noir» impressionne et on retrouve déjà la classe de son graphisme et l'art de la composition de ses planches. Reed Crandall amène sa pierre à l'édifice («La Barrique d'Amontillado et Le Cœur révélateur»). L'auteur qui a fait les beaux jours des comics Warren Publishing se fend de planches dignes des gravures d'antan. Jose Ortiz y va aussi de son interprétation parfaitement angoissante du «Puits et le Pendule». Enfin, Isidoro Mones ne démérite pas parmi ce beau monde. On notera quelques coquilles, qu'on est tout prêt à pardonner... En résumé, un album superlatif !