L'histoire :
Alors que la maison Atréides est en pleine effervescence suite à l’annonce mémorable de l’empereur Shaddam IV de céder la planète Arrakis au duc Leto, une étrange scène plus intime a lieu dans le Castel Caladan. Une vielle femme vient rendre visite à Paul, fils du duc et de Jessica. Encapuchonnée, elle semble connaître Jessica et cette dernière lui montre une déférence sincère et prononcée. Paul ne comprend pas vraiment cette attitude, pas plus qu’il n’entend un traître mot de ces expressions étranges que les deux femmes prononcent : « Gom Jabbar, Révérende-mère » ou encore « Kwisatz Haderach ». Il se retrouve rapidement face à cette inconnue vêtue d’une longue robe noire dont la capuche masque ses traits ridés. Ses yeux bleus percent l’ombre de la capuche et semblent entrer au plus profond de l’âme de Paul. Mais ce n’est pas la seule surprise qui l’attend : l’étrange prêtresse congédie sa mère sans aucun ménagement. Paul proteste et rappelle qu’ils font partie d’une noble famille puissante. Mais la sombre vieillarde n’y prête pas attention. Au lieu de lui répondre, elle lui tend une boîte de couleur bleu turquoise et lui demande d’y introduire sa main. Rapide malgré son âge avancé, elle tend sa main sur le cou de Paul, pointant sèchement son index grossi par une pointe inquiétante. Le jeu est simple : si Paul retire sa main de la boîte, elle le piquera du Gom Jabbar et le poison aura rapidement raison de sa vie. S’il résiste et ne bouge pas, il pourra peut être prétendre au titre de « Kwisatz Haderach ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dune est à l’honneur avec le film événement de Denis Villeneuve. Adapter l’œuvre SF culte de Franck Herbert relève du défi quasi impossible tant les romans sont à part. Pour adapter l’œuvre mythique en comics, il fallait au moins la stature de Bryan Herbert, le fils du créateur de ce livre de l’espace. Habitué aux suites ou préquelles, Herbert fils était le mieux placé pour ce délicat exercice. Assisté de son complice de toujours, il s’attelle à reprendre fidèlement l’histoire originelle. C’est non sans émotion qu’on retrouve donc ce récit hors norme qui raconte les luttes de pouvoir et d’épices dans des rivalités sanglantes et perfides. Émotion décuplée à l’idée qu’il s’agit (là aussi) d’une histoire de famille avec cette passation de pouvoir dans le clan Herbert. Tout y est, de l’intronisation du Duc Leto au pouvoir humoristique de Paul, du complot du baron Harkonnen à la chute tragique des Atréides. Les dialogues sont nombreux comme pour mieux îlotier le roman et malgré la fidélité et le côté appliqué de l’adaptation, il manque des passages déterminants pour mettre en avant des personnages secondaires comme Duncan Idaho. Après la claque du magnifique film de Villeneuve, on s’attendait à en prendre également plein les yeux côté dessin dans ce comics. Malheureusement, la déception est de taille. Tout est froid et vide, dans un style SF rétro très peu convaincant. Même les personnages manquent de charisme, à l’image d’un baron presque aussi raté que la version cinématographique de David Lynch. Le travail de Raul Allen n’est pas laid, loin de là mais il manque tout simplement d’âme. Et quand on connaît la fascination totale qu’exerce le roman (ou l’adaptation de Villeneuve) par son étrangeté, son originalité et son esthétique, c’est presque un monde qui s’écroule…