L'histoire :
C’est ce qui s’apparente à une mission suicide : débusquer toute une garnison allemande pour l’empêcher de lancer la dernière bombe H qu’ils ont inventée ! Les avions américains survolent l'Islande, mais les passagers sont pessimistes. Chaque soldat reste silencieux, la tête baisse. Seul Bucky semble optimiste et joyeux d’aller à la bataille. Il ne cesse de vanter les mérites de ce super soldat qui leur permettra d’atteindre la victoire. Pourtant, Kowalski ne partage pas son avis, bien au contraire. Pour lui, ce Captain America, c’est de la poudre de perlimpinpin pour remonter le moral des civils et pousser les jeunes à s’enrôler. Il se planquera sûrement dans l’avion pendant que tous les autres se sacrifient pour leur nation, dans l’indifférence et l’oubli... Captain America entend ce discours mais ne réagit pas. Il pense à sa compagne Gail et contemple une photo d’elle : quand il reviendra, ils se marieront et profiteront enfin pleinement de la vie. Les avions se rapprochent de l’objectif et tous se préparent à sauter. Kowalski ironise en regardant le super-héros : il n’a même pas de parachute ! Bucky lui répond, un sourire aux lèvres, qu’il n’en a jamais eu besoin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans les années 2000, le projet « Ultimate » était de refondre les personnages Marvel dans notre époque tout en faisant table rase du passé trop complexe à suivre, notamment pour les jeunes lecteurs. Après quelques personnages célèbres qui ont connu ce relaunch, il fallait bien passer à l’équipe des Avengers, projet que l’on a habilement appelé Ultimates. Cette nouvelle série fera donc date et mérite largement sa place dans la collection Printemps des comics, d’autant qu’elle est scénarisée par l’excellent Mark Millar. Le titre « Super humain » résume à lui seul le contenu du comics. Tous nos personnages Marvel sont désormais des gens comme vous et moi : héros, oui mais humains avant tout. C’est donc un récit d’un réalisme extrême qui est déployé. La société américaine est décrite avec minutie en présentant tous les citoyens et corps de métiers possibles et imaginables, du pompier jusqu’au majordome, en passant par le militaire ou le scientifique. Même le président des États-Unis est une personne réelle ! L’intrigue est lente et Millar s’applique à présenter pas à pas la psychologie de chacun des grands membres des Avengers. Parfois, peut-être, un peu longuet, le récit monte en puissance avec une explosion finale impressionnante : l’ennemi le plus redoutable est celui qui vient de l’intérieur... Qui dit réaliste dit aussi défauts humains. Et avec Millar, on peut s’attendre à toutes les provocations. Que ce soit la schizophrénie déchirante de Banner, l’engagement politique de Thor, la trahison de Bucky, l’addiction de Tony Stark ou la scène finale extrêmement choquante avec le couple Pym, Millar tord les idéaux manichéens et place les super-héros dans une autre dimension. Qui pouvait mieux dessiner de façon aussi réaliste cette histoire que Bryan Hitch ? Ses personnages à la fois puissants et criants de vérité réinventent totalement notre imagerie sur les super-héros. La profusion des décors et la colorisation froide ajoutent encore plus de réalisme à l’ensemble. Les Vengeurs ont bien changé et n’ont jamais été aussi proches de nous...