L'histoire :
Un immense croiseur venu des étoiles décide d’éteindre ses réacteurs au-dessus d’une mégalopole étasunienne. A son bord se trouve le conquérant et destructeur de planètes Galactus. Ennemi historique des Quatre Fantastiques mais aussi de Thanos ou encore du céleste Ego, l’être démesuré venu des confins de la galaxie souhaite asseoir son autorité sur Terre. En se servant de son statut de divinité, il parvient à corrompre l’esprit et l’âme de bon nombre d’entre nous jusqu’à les faire se tourner vers un fondamentalisme religieux des plus apocalyptiques. Alors en retraite sur Terre, errant à la recherche d’un nouveau but et d’une vie en dehors de ce qu’il a pu connaître dans les méandres de l’espace et du multivers , l’ancien héraut du titan cosmique se dresse pour tenter de repousser son ancien maître : le Silver Surfer. N’écoutant que son courage et animé par ce qui est, d’après lui, la plus grande force présente dans et entre les univers, à savoir l’amour, il mettra le pied à sa planche. Fendant les airs et esquivant les rayons du conquérant, le Surfer se portera comme symbole d’espoir et de lumière pour l’humanité privée de son libre arbitre et débutant une longue chute vers les ténèbres.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’affranchissant des codes du comic-book traditionnel (de la même manière qu’un Batman Year One ou d’un Watchmen), Silver Surfer Parabole propose, en lieu et place des affrontements titanesques de héros costumés, un récit philosophique et plein de réflexion sur le libre arbitre et la place de la religion dans l’histoire de l’humanité. Stan Lee saisit toute la complexité de l’esprit sur Silver Surfer : mélancolique, philosophique, dramatique et théâtral. Mais la grande justesse de Lee est de faire du Surfer le narrateur de cet épisode où, en plus d’être le bouclier argenté se mettant entre Galactus et les Hommes, il tente de retirer les oeillères de l’homme, trop sensible à ce qu’il ne peut comprendre et à sa tendance destructrice lorsqu’il commence à verser dans un fondamentalisme religieux. Le dessin de l’immense Moebius (Jean Giraud) transpire d’un amour pour les récits de science-fiction intimiste et où l’action ne dessert plus un space-opéra rocambolesque (comme il l’a parfaitement illustré dans la série L’Incal) mais une parabole, replaçant alors l’Homme comme détail dans l’univers et non comme point central d’une immensité cosmique qui le dépasse. Les affrontements sont nets et la précision du gigantisme est impressionnante. Il en va de même avec ses représentations de masse indistinctes pour symboliser l’humanité et sa trop grande capacité à s’assimiler à une pensée commune plutôt qu’à un esprit libre. Une magnifique redécouverte d’un récit datant de 1990 (pour son édition française), surprenant par son approche et détonnant par son graphisme alors plus doux que ce à quoi Moebius a pu nous habituer. Une belle parabole sur l’Homme, sur nos regards que nous portons un peu trop souvent vers les étoiles, alors que la réponse est ici : parmi nous.