L'histoire :
L'un des membres du Trust, Axel Nagel, vient de décéder dans des circonstances pour le moins étranges. Arrêt cardiaque pour certains, meurtre pour d'autres. Une certitude, tous les membres de l'organisation sont réunis lors de la cérémonie funèbre. Et une question : qui doit prendre la succession de la maison Nagel entre les deux enfants, Lars et Anna... Ailleurs, Ronnie et Rémi, deux frères, vivent toujours chez leur vieille mère. Ronnie est une petite frappe qui travaille pour Mimo, un parrain local qui extorque de l'argent aux vendeurs du coin. Un problème remonte aux oreilles de son homme de main : Rémi, son propre frère, travaille dans un abattoir et revendrait de la viande illégalement. Celui-ci a déjà fait quelques erreurs par le passé et si son frère l'a protégé, il ne pourra pas le couvrir éternellement. Alors que les deux frères fêtent l'anniversaire de leur mère, Rémi a l'air perturbé par un problème personnel. L'agent Graves vient en effet de lui proposer un attaché-case contenant un gun et 100 balles non identifiables, accompagnés de documents compromettants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce tome 11, le scénariste Brian Azzarello, fidèle à sa ligne directrice, éclate sa narration et introduit de nouveaux personnages - les deux frères Ronni et Rémi, Lars et Anna - pour relancer et approfondir le schéma. Si bien qu'un lecteur peu attentif pourrait avoir tendance, une fois n'est pas coutume, à perdre le fil. Toujours des questions en suspens - que cherche Graves à la fin ? Que cherchent les membres du Trust et leur chef Augusto Medici ? - un sens du spectacle consommé, un réalisme noir et violent, des personnages condamnés ou perturbés et une trame narrative paranoïaque toujours plus complexe (presque trop ici) pour un ensemble de haute volée, rendu mystérieux par le toponyme "Croatoa". Visuellement, malgré des séquences moins réussies et précises, Risso excelle encore dans la mise en scène et les ambiances glauques ou inquiétantes. Par ses cadrages millimétrés, ses encrages lourds de sens et l'expressivité de gueules qui en disent long, Risso réussit selon Darwyn Cooke à livrer "une manifestation stylisée des thèmes de l’œuvre, si exhaustive qu'elle devient sa propre réalité", soit "une vision pleinement réalisée". Bref, si l'épisode est sans doute un des plus laborieux jusqu'à présent, nul doute que si vous en êtes arrivé là, vous êtes accro depuis longtemps. Alors on continue jusqu'au centième épisode...