L'histoire :
Encore une prise d’otages d’un déséquilibré. C’est presque du courage ou de l’inconscience d’espérer quoi que ce soit avec ce genre de méfait quand Batman est à Gotham ! La police encercle les lieux mais sait que le bandit ne va pas faire de vieux os. Les cops ne sont pas pressés d’intervenir et pour cause : le Chevalier Noir est déjà sur place, dans le bâtiment. Le malfrat n’a pas le temps de réagir quand il voit avec effroi Batman sortir de l’ombre. C’était presque trop facile : sauf qu’une mauvaise surprise attend le justicier : les otages ont été égorgés. Inutile de perdre du temps à interroger le meurtrier : le gros bonnet à l’origine de cette folie ne tarde à se manifester. Il fait même une déclaration à la télévision. Une de ces déclarations choc qui fait froid dans le dos. Il annonce ouvertement que les riches ont vécu trop longtemps et ont eu trop de privilèges. Désormais, ils seront châtiés et tous ceux qui possèdent une grande fortune seront impitoyablement assassinés. Inutile de tenter de se suicider car la faute reviendra alors sur la famille du nanti. Un message aussi nauséabond ne pouvait venir que d’une seule personne : Oswald Cobblepot, dit le Pingouin !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chip Zdarsky est le scénariste à la mode, en ce moment. On le voit un peu partout chez DC (après son run sur Daredevil chez Marvel). Et évidemment, quelle plus belle récompense peut-on confier à un scénariste que de faire un récit sur Batman ? Quand en plus, on l'accompagne par Jorge Jimenez au dessin, le projet s’apparente vite à un coup d’éclat. Pourtant l’histoire souffre du même syndrome que les nombreuses grosses et ambitieuses séries actuelles : Zdarsky tente certes de relier son titre avec les derniers titres phares de la maison... mais comme beaucoup de ces runs, le propos trop ambitieux manque de crédibilité et de soin dans la narration. C’est peut-être aussi le défaut que l’on pourrait faire au style Zdarsky. On est toujours curieux à la lecture des débuts et on passe un bon moment au départ, jusqu’à ce que le récit déçoive petit à petit. Ici aussi, il y a du bon avec ce super vilain Failsafe façon Terminator indestructible... mais passé l’effet de surprise, plusieurs passages – comme un double ridicule de Batman ou un Batman en mode Surfer d’Argent – laissent sceptique. Et pourtant, la présence de Jimenez est un bonheur à lui tout seul. Ces planches sont d’une modernité folle. Son style devient plus sombre, en parfaite adéquation avec le credo du Chevalier Noir. On regrette vraiment que ce dessinateur virtuose n’ait pas encore eu un scénario à la hauteur de son talent phénoménal. L’histoire en parallèle, plus modeste, consacrée à Catwoman, est plus intéressante que le récit principal. La fin aura toutefois le mérite de vous obliger à attendre la suite avec inquiétude.
