L'histoire :
Le recueil comporte 5 récits :
- Le Cauchemar d'un nuit d'été : Sur Terre, la plupart des êtres humains ont acquis des super-pouvoirs. Tous ? Non car une poignée d'irréductibles demeurent « médiocres », sans pouvoirs. Parmi eux, Clark Kent, Diana Prince, Kyle Rayner et quelques autres pourtant bien connus des lecteurs. Que s'est-il passé ?
- Le Nouvel Ordre Mondial : L'Hyperclan, un groupe d'extra-terrestres superpuissants et similaire à la Ligue, débarque sur Terre avec l'intention déclarée de sauver le monde. Si l'Hyperclan semble tenir ses promesses dans un premier temps, les méthodes radicales des extra-terrestres attire vite la suspicion
- La Femme de Demain : La Ligue recrute ! Et le premier à passer le test d'entrée n'est nul autre que Superman, revenu d'entre les morts avec de tous nouveaux pouvoirs. Après lui, plusieurs candidats passeront sans succès l'examen d'entrée jusqu'à une certaine Tomorrow Woman, sortie de nulle part. Elle réussit à rejoindre la Ligue mais est-elle bien ce qu'elle prétend être ?
- Entre le Ciel et l'Enfer : Zauriel, un ange, arrive sur Terre, poursuivi par les troupes d'Asmodel, un autre envoyé du Paradis. Son crime ? Il en sait un peu trop et désormais mortel, il aura besoin de l'aide la Ligue pour s'en sortir...
- La Clé de l’Énigme : La Clé, un vieil ennemi de la Ligue, a été réveillé du coma où il était plongé par l'arrivée des troupes angéliques. Il a emprisonné les membres de la Ligue dans un Labyrinthe Fractal où ceux-ci vivent une vie alternative et illusoire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aaah, les années 90. Peut-être que vous ne les aviez pas connues, ces années-là. Tout était extrême, cool et bariolé. Enfin, cool et extrême, à l'époque. Pour le bariolage, on est d'accord ça le reste encore. Bienvenue donc dans cette Justice League of America, version méga cool chébran de la vieillissante Justice League. Et quoi de mieux pour donner un coup de jeune à une série que de faire revenir ses membres les plus connus ? Voici donc nos héros préférés, dont un Superman doté d'un catogan improbable (du moins en tant que Clark Kent). Le premier récit raconte comment l'amorce de cette nouvelle Ligue avec un récit bizarre et surtout étiré en longueur au cours duquel les différents membres, dépossédés de leurs souvenirs et désormais parmi les rares humains « sans pouvoirs », retrouvent leurs esprits et récupèrent leurs camarades. Les choses se gâtent avec Howard Porter au dessin, sur le second récit. Cadrage épileptique, poses improbables, débordements des cases à outrance et grimaces effarantes : on est en plein trip 90s. Le récit quant à lui n'est pas ou plutôt plus très original (un groupe extérieur intervient et semble rendre la Ligue caduque mais nos héros sont de bons américains et l'emportent). Pour La Femme de Demain, si Porter continue (en se calmant un peu au niveau des cadrages et des grimaces) avant d'être relevé par Don Hillsman plus intemporel, c'est surtout Millar qui vient épauler Morrison, injectant un humour bienvenu dans les premières pages. Pour le reste, le récit se tient, même si une fois encore on réinvente un peu la roue. Entre le Ciel et l'Enfer comporte son lot de combats dantesques mais Morrison précipite le récit au mépris de bon nombre d'explications quant à l'univers angélique et aux motivations de son antagoniste. Enfin, La Clé de l’Énigme reste un des récits le plus divertissants du recueil même s'il atteint des sommets de n'importe quoi (la Clé fait rêver la Ligue en attendant qu'ils se réveillent pour utiliser la décharge neurale résultante pour ouvrir la zone Négative et y faire dieu sait quoi, Morrison ayant dû tomber en panne de psychotropes à ce stade de l'écriture). Porter semble enfin être à l'aise et on a vraiment moins affaire avec les soucis des premiers épisodes. En résumé, ce premier tome de Justice League of America est surtout une plongée un peu effrayante dans les comics des années 90 dans ce qu'ils avaient de plus commercial. S'il est clair que Morrison tente de ramener le média à ses sources avec des histoires sans (trop de) lien les unes avec les autres, auto-contenues et ne s'embarrassant pas d'explication, l'ambiance de l'époque et surtout le style graphique viennent appesantir inutilement l'ensemble et résultant en un gloubi-boulga indigeste. Reste de bonnes intentions et des fulgurances éparses, aussi bien dans les histoires que dans le dessin. Un tome pas complètement mauvais mais qu'on ne recommandera qu'aux collectionneurs, en attendant que la série prenne un vrai rythme de croisière.