L'histoire :
Steve Trevor et Amanda Waller, tous deux travaillant pour l'A.R.G.U.S. (Agence de Recherche sur les Groupes Unissant des Surhumains), se rencontrent pour discuter de la création d'un nouveau groupe de super-héros : la JLA, la Ligue de Justice d'Amérique. Cette version doit pouvoir travailler de manière plus étroite avec les autorités humaines, plus en tous cas que la Justice League existante, quasi indépendante et représentant d'autant plus une menace potentielle aux yeux des autorités. Cette nouvelle ligue se compose d'Hawkman, Katana, Stargirl, Martian Manhunter,Vibe, Catwoman, Green Lanter (Simon Baz) et Green Arrow. Les membres ont été sélectionnés afin de pouvoir, éventuellement, confronter et battre la Ligue de Justice menée par Superman, si jamais celle-ci venait à s'attaquer aux Etats Unis. Mais un agent travaillant pour Trevor s'échappe d'un lieu secret et lui porte une sinistre nouvelle : en parallèle de la JLA, une société secrète de super vilains se forme elle aussi. Trevor et Waller décident que le démantèlement de cette société servira de baptême du feu à leur propre ligue.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après trois opus consacrés à la série Justice League, la série s'offre un petit écart avec ce volet présentant les épisodes de Justice League of America. Ce volume de la Justice League est donc consacrée à la construction d'une nouvelle équipe de super-héros, chapeautée par le gouvernement américain et destinée à défendre les intérêts de celui-ci, quitte à s'opposer à la Ligue de Superman, Wonder-Woman et consorts. Un pitch qui fait, de prime abord, fortement penser à une autre équipe : la Suicide Squad - une impression renforcée par l'implication d'Amanda Waller, déjà responsable de cette équipe. Geoff Johns et Matt Kindt distinguent cependant la Ligue de Justice d'Amérique de la Suicide Squad dans le sens où cette JLA a un caractère public. Cela permet notamment d'aborder le thème de la communication et bien sûr de la manipulation de l'opinion publique mais restreint aussi d'emblée les possibilités de recrutement (on imagine mal, par exemple, Deadshot en poster-boy du drapeau étoilé). La confrontation politique se joue ici essentiellement entre Steve Trevor, aspirant à construire une équipe stable bâtie sur des équipiers fiables et Amanda Waller - déjà en charge de la Suicide Squad, désireuse quant à elle d'avoir à sa disposition une équipe apte à contrer la Ligue de Superman si jamais celle-ci cherchait à nuire au gouvernement. On voit donc cette nouvelle équipe évoluer sur deux tableaux : politique via les manigances de Waller et tactique, sur le terrain, sans doute l'aspect le plus réjouissant pour le lecteur. Là-dessus, les scénaristes assurent en construisant une intrigue somme toute classique mais efficace, presque à la manière d'une série télé. Les dessins sont très réussis, même si le style de David Finch est un peu trop basé sur l'emploi des noirs et autres ombres. Cela a néanmoins l'avantage de placer la première moitié de ce volume dans une obscurité convenant à l'ambiance de complot préfigurant la première mission de l'équipe. Le jeune Vibe sert un peu de défouloir comique en apportant les quelques rares - mais bienvenues - touches d'humour de l'histoire. Geoff Johns fait d'ailleurs preuve d'une retenue exemplaire vu que l'on ne compte qu'un seul bras arraché de tout le volume, ce qui est l'une de ses lubies habituelles. On regrette quand même l'absence quasi-totale de Simon Baz, le Green Lantern de cette Ligue et on espère que celui-ci figurera de manière plus importante dans la suite de leurs aventures. Même constat pour Stargirl et Vibe, dont les réflexions sur leur nouvelle mission semblent promettent des développements intéressants. Un tome efficace, donc, où l'on suit avec intérêt la construction de cette équipe (encore une fois, un des principaux intérêts de sa série jumelle, Suicide Squad) même si le lecteur non assidu des publications DC risque de s'y perdre un peu tant les intervenants issus d'autres storylines et le reboot (à la hache) New 52 peuvent brouiller certaines pistes et acquis de ces dernières années. On ne saurait terminer, enfin, sans - gentiment - pointer du doigt une petite boulette de la part d'Urban Comics qui, dans le récapitulatif des épisodes précédents, en préambule à ce tome, présente Steve Trevor sous le nom de Steve Rogers. Or ce dernier, soulignons-le pour sa propre sécurité, n'a jamais fricoté avec Wonder Woman.