interview Bande dessinée

Christophe Bertschy

©Dupuis édition 2010

Depuis 2001, le suisse Christophe Bertschy réalise des gags pour le journal genevois Le Matin, avec son personnage Nelson. Le concept est simple : un gag en 3 à 4 cases adapté pour être publié en presse. Nelson remporte un vif succès. On retrouve aussi ses aventures sous forme d’albums cartonnés (et depuis peu dans un format de poche à l’italienne, façon strip book). Une rencontre lors du festival de BD d’Angoulême va nous permettre d’en savoir un peu plus sur lui…

Réalisée en lien avec l'album Nelson T9
Lieu de l'interview : Angoulême

interview menée
par
22 mars 2010

Bonjour Christophe Bertschy. Pour faire connaissance, peux-tu te présenter ?
Christophe Bertschy : Bonjour ! Je viens de Suisse, j’ai une formation en publicité et je me suis orienté vers la bande dessinée car je trouvais ça plus amusant. J’ai commencé par faire du gag en une planche. Mais comme j’ai plutôt un naturel feignant, je me suis mis du coup à faire du gag court : c’était beaucoup plus rapide à faire. Plus concis, on ne peut pas mieux.

Comment t’est venu le personnage de Nelson ?
CB : Au départ, je voulais faire un personnage insupportable. J’ai vu qu’il y avait déjà beaucoup de chiens, de chats, le concept était déjà pas mal utilisé. Pareil pour des garçons… alors j’en suis arrivé à un diablotin. C’est un personnage attachant parce qu’il a une bonne bouille, mais ses crasses se retournent toujours contre lui à son insu.

Pourquoi orange ?
CB : Au départ, je pensais le faire rouge, mais je le trouvais un peu violent. Jaune, je le trouvais un peu malade. J’ai tranché alors, j’ai pris l’intermédiaire, le orange.

Pourquoi Nelson passe son temps à manger ?
CB : Ah ! Non, non ! Il ne passe pas seulement son temps à manger. En fait, il a tout les défauts : il est ronchon, il est boudeur, il est colérique… et parmi tous ses défauts il y a aussi la gourmandise. Tout le monde peut se retrouver dans un de ses défauts.

Comment tu fais pour trouver l’inspiration et faire autant de gags en une case ?
CB : Comme la publication est en fait quotidienne dans un journal, je dois faire vite et court. Je dois raconter une histoire en trois cases maxi. C’est mon format, je suis très à l’aise pour les histoires très très courtes. J’ai essayé de faire des gags plus longs, sur une planche, mais c’était plus mou. Avec 3 à 4 cases, on reste dans un gag plus pêchu.

Y-a t-il un fil conducteur dans les histoires de Nelson ?
CB : Le fil conducteur c’est un peu l’attachement : on voit ces personnages évoluer. La règle fondamentale du strip c’est que l’évolution ne se fasse pas trop vite dans les personnages de manière à ce qu’un lecteur du strip n° 1250 n’ait pas besoin de lire les précédents pour pouvoir immédiatement comprendre ce qu’il se passe. Il n’y a pas un casting très étendu, donc. On ne passe pas non plus des intrigues invraisemblables, il faut rester simple. Le but, c’est que les gens aient du plaisir à les lire, mes histoires.

Travailles-tu sur un autre projet en parallèle de Nelson ?
CB : J’arrive à travailler mes strips sur 2 jours voir 2 jours et demi par semaine maintenant. Mais ça me pompe beaucoup d’énergie. J’ai quelques autres projets dormant… mais je cherche encore, je préfère prendre mon temps.

As-tu le temps de lire de la bande dessinée ?
CB : Oui, mais je lis beaucoup moins maintenant qu’adolescent. Je lisais surtout des comics américains. Je suis abonné à Spirou magazine, ça me permet de suivre un peu les ouvrages de certains dessinateurs et amis.

Y a-t-il une bande dessinée qui t’as marqué ?
CB : Celui qui m’a fait hurlé de rire, c’est Gary Larson. C’est pas vraiment de la BD, mais c’est celui qui fait le plus dans l’absurde.

Si tu avais le pouvoir cosmique de te mettre dans la tête d’un auteur, ça serait qui et pour y faire quoi ?
CB : Eh bien, voilà : je pense à Larson. Il faut être à moitié taré, je crois, pour faire ce qu’il fait. J’aimerai vraiment comprendre comment il fonctionne.

Merci, Christophe Bertschy, et à bientôt avec Nelson !