Depuis près d'une trentaine d'années, Doug Braithwaite a travaillé pour les plus grands éditeurs de comics : Marvel, DC Comics, Image ou même la revue culte britannique 2000AD. Illustrant aussi Judge Dredd que le Punisher, Superman que Toyo Harada, l'artiste anglais a toujours montré une grande constance dans la qualité de ses planches. Depuis quelques années, nous le retrouvons sur les séries Valiant Comics et ce, dans des registres différents. Invité par Bliss Comics (l'éditeur français de l'univers Valiant) lors de la troisième édition de la Comic con Paris, nous avons pu avoir quelques minutes pour poser quelques questions à cet immense artiste.
interview Comics
Doug Braithwaite
Bonjour Doug, peux-tu te présenter aux lecteurs ?
Doug Braithwaite : Je m'appelle Doug Braithwaite, je suis artiste de comics professionnel depuis une trentaine d'années, et c'est peut être le plus incroyable, j'ai travaillé pour Marvel et DC Comics et ces derniers temps pour Valiant Comics. Quand j'étais enfant, j'ai toujours aimé le dessin, la peinture, l'illustration et tout ce qui a trait à l'expression visuelle. J'étais plutôt taiseux quand j'étais plus jeune, je n'allais pas vers les autres mais en dessinant, je me suis trouvé un terrain d'expression. Bien sûr, j'ai toujours aimé les comics et il y a certains artistes qui m'ont impressionné et donné envie de faire de la bande dessinée. Vers l'âge de 15 ans, ma professeur d'anglais m'a invité à montrer ce que je faisais aux autres élèves et ils ont été très cool avec moi, puis ensuite de le montrer au professeur de dessin, qui m'a dit que je pourrai peut être faire carrière dans les comics. À l'époque, nous n'avions pas vraiment de production de comics en Angleterre et mes lectures étaient surtout importées des U.S.A.. Il était clair pour moi que si je me lançais là-dedans, il fallait que je me dépasse pour ne pas le regretter. C'est peut être la première fois que je parle de ma professeur dans une interview [rires].
Tu as travaillé très jeune pour la revue 2000AD. Quel regard portes-tu sur cette période ?
Doug Braithwaite : À cette époque, j'avais aussi commencé à travailler chez Marvel, peut être depuis une année environ. Des amis m'ont suggéré de proposer mes services à 2000AD. Les éditeurs de 2000AD avaient entendus parler de moi et vus certains de mes travaux. L'un de mes premiers titres sur lequel j'ai travaillé pour eux a été Judge Dredd. J'ai du faire 3 ou 4 arcs sur la série, ce qui étaient incroyables pour moi. En plus je pouvais coloriser mes propres planches et j'ai eu énormément de réactions positives. C'était excellent.
Est-ce que tu as suivi ce qui se faisait aujourd'hui chez 2000AD ?
Doug Braithwaite : Je vais être honnête. Je n'ai pas eu l'opportunité d'en lire dernièrement. Je passe tellement de temps à travailler que les seuls moments où je peux voire la revue est lorsque je signe dans des comic-shops. Je suis un peu les reviews et même si certaines choses ont changé c'est toujours aussi cool.
Tu as collaboré à plusieurs reprises avec Alex Ross, dont notamment sur Justice où tu as fait les dessins et où il s'est chargé des couleurs. Que penses-tu de cette expérience ?
Doug Braithwaite : Lorsque j'ai lu le scénario d'Alex Ross et Jim Krueger, je l'ai trouvé énorme. Au départ, Alex avait fait des designs et quelques découpages. Il attendait de moi que je revisite son travail pour le rendre plus dynamique et lui donne une certaine perspective. Chaque chose a été intéressante à faire. Travailler avec Alex a été incroyable. Nous nous respections beaucoup et sur Justice, il m'a laissé raconter l'histoire à ma manière. Il m'a fait confiance et confirmait chaque page que je lui envoyais. C'est une de mes meilleures collaborations que j'ai pu avoir. J'essaie de raconter l'histoire de la manière la plus fluide qui soit, je dessine ce que j'ai dans la tête. Alex est plus long, il travaille méticuleusement chaque case. J'adore son travail. Il n'a besoin de personne et ça a été un honneur qu'il me choisisse.
Pourquoi ne pas avoir collaboré de nouveau ensemble ?
Doug Braithwaite : Alex a beaucoup de projets et on a aussi travaillé sur la trilogie X pour Marvel. Je travaille beaucoup et j'avais besoin d’enchaîner et de faire mon propre parcours. Ce qui ne m'empêche pas d'être très fier de cette période.
À présent, tu réalises de nombreuses épisodes sur les séries Valiant Comics...
Doug Braithwaite : Oui et c'est amusant car l'un de mes premiers travaux aux U.S.A. a été sur Archer & Armstrong, au tout début de Valiant. Je connais bien les personnages et j'adore la nouvelle interprétation qui en est faite par tous les artistes. De plus en plus de gens lisent cet univers et j'en suis ravi.
Sur Bloodshot U.S.A., tu as collaboré avec Jeff Lemire. Comment cela s'est passé ?
Doug Braithwaite : Jeff est un type incroyable. Il est très critique vis-à-vis de lui-même et je respecte énormément ce qu'il fait. Bloodshot U.S.A. a été un récit difficile à dessiner et au final, je trouve l'histoire vraiment bonne. J'ai mis du temps à trouver la bonne manière de mettre en scène l'histoire et je trouve que cela fonctionne bien. Chez Valiant, il y a énormément de bons scénaristes. Joshua Dysart, Robert Venditti, Matt Kindt sont géniaux. Ils sont très différents individuellement et chacun a sa manière de raconter une histoire mais ils vous vont rêver. C'est vraiment génial de travailler avec des auteurs comme ça alors que je suis dans mes dernières années de carrière. Je veux arrêter au bon moment.
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Doug Braithwaite : Je suis sur Harbinger Zero, un numéro spécial qui est en fait une préquelle. Ensuite, j'ai deux projets sur un coin de table et qui sont très bon. Je vais voir lequel je ferai en revenant de Paris. Je suis très emballé par ceux-ci.
Si tu avais le pouvoir métaphysique de visiter l'esprit d'un autre artiste pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
Doug Braithwaite : Je pense qu'il faut improviser pour cette question... Jean Giraud. Mœbius ! J'adore sa vision. Chaque page est fantastique. Tout ce qu'il te fait ressentir, le rythme qu'il mettait dans son dessin, c'était et c'est toujours fascinant.
Merci Doug !