Les fans de Flash connaissent forcément Scott Koblish l'un des artistes qui a le plus souvent mis en scène le bolide de DC Comics. Encreur et dessinateur reconnu, l'américain a fait ses classes au sein de la fameuse école Joe Kubert et a depuis enchaîné les prestations sur des séries populaires comme les Avengers ou Deadpool chez Marvel ou bien sur la majeure partie des héros de DC. Depuis le lancement de Rebirth chez ce dernier, il s'éclate sur Blue Beetle, un héros créé par Will Eisner et Charles Nicholas Wojtkowski en 1939, en compagnie du scénariste Keith Giffen. Venu rencontrer ses fans lors de l'édition automnale de paris Manga & Sci-Fi Show, nous en avons profité pour aller à sa rencontre...
interview Comics
Scott Kolins
Bonjour Scott, peux-tu commencer par te présenter ?
Scott Kolins : Mon nom est Scott Kolins, j'ai débuté... En fait c'est compliqué. Quand j'étais enfant, entre 7 et 12 ans, j'avais des artistes de comics qui vivaient dans ma ville natale. Je n'en savais rien. Je les ai donc côtoyé et j'ai ensuite intégré l'école Joe Kubert où j'y ai appris durant deux années. Comme les éditeurs se trouvaient tous à New York dans les années 80, j'ai décidé de prendre le train et de m'y rendre. Le premier à m'avoir accueilli a été Valiant Comics qui venait tout juste de débuter et qui n'avait sorti à l'époque que 3 comics. Après avoir travaillé un mois pour eux, j'ai reçu des opportunités pour aller travailler chez Marvel et DC Comics.
Peux-tu nous parler de ton expérience au sein de l'école Joe Kubert ?
Scott Kolins : C'était quelque chose d'assez incroyable, de très intéressant. On t'apprend comment passer d'un simple brouillon que tu as dans la tête à un véritable comic-book. Tu apprends énormément auprès de professeurs comme Bart Sears. Comment dessiner des costumes, en créer, faire des immeubles. Pour moi, la chose la plus importante a été de maîtriser l'art du storytelling. Se mettre à la place du lecteur et comprendre comment il va se plonger dans l'histoire. Archie Goodwin, avant qu'il ne nous quitte, a été une inspiration énorme pour moi. Sur le Punisher, il me disait de m'éclater, d'en faire toujours plus et de me surprendre moi-même. Si j'étais étonné par ce que je faisais, le lecteur le serait aussi. C'était génial parce qu'il était capable également de canaliser en donnant le conseil adéquat sur certaines pages.
C'est quoi le style Scott Kolins ?
Scott Kolins : Il a pas mal changé d'année en année ! Je dirai qu'en ce moment il tend vers quelque chose de plus épuré. Ma grosse influence ces dernières années est sans nul doute Mike Mignola. Il dessine juste ce que tu as besoin d'avoir sur une page. Il n'y a pas un trait en trop. J'adore. Si j'étais meilleur, je ferai comme lui. Mais je mets trop de détails et n'arrive pas à voir lesquels je dois supprimer. Avant que je travaille sur Flash, j'avais tendance à mettre des ombres très fines, chercher de petits éléments à dessiner, un peu comme Michael Golden ou John Byrne. Sur Flash, mon éditeur m'a dit de simplifier mes décors et m'a donné en référence le dessin animé Bugs Bunny ! Les décors sont très peu détaillés et ça fonctionne.
Tu as énormément travaillé pour Marvel et plus encore pour DC Comics. Ces choix étaient-ils des opportunités ou tu étais fan de leurs personnages ?
Scott Kolins : J'ai effectivement travaillé pour les deux éditeurs mais DC Comics m'a offert le plus d'opportunités. J'ai eu la chance et le plaisir de collaborer avec des scénaristes merveilleux comme Geoff Johns ou Keith Giffen. Lorsque j'étais chez Marvel, Geoff me disait de revenir au plus vite chez DC car il avait plein de projets pour moi. C'était vrai. Les personnages des deux sociétés sont vraiment géniaux et il faut juste pouvoir travailler dessus lorsque l'un d'eux est disponible, être là au bon moment.
Tu as réalisé un long run sur Flash. Qu'as-tu pensé de l'adaptation en série télévisée de CW ?
Scott Kolins : Je trouve le résultat vraiment génial. La première adaptation dans les années 90 était bien aussi. Depuis une vingtaine d'années, les adaptations de comics de super-héros en film sont vraiment bien faites. Il n'y a qu'à voir ce qu'a réalisé Marvel ces dernières années, c'est assez impressionnant. La technologie a permis de transposer des arcs géniaux en comics au cinéma. J'adore l'idée de voir des personnages de papier devenir réels sur un écran. Certes, ce n'est jamais parfait, mais cela nous force en tant qu'artiste à être encore meilleur si l'on souhaite que notre travail devienne intéressant pour être adapté au cinéma. Cela est gagnant-gagnant pour toute l'industrie.
En France, nous découvrons depuis quelques semaines l'ère Rebirth. Peux-tu nous parler un peu de Blue Beetle, titre sur lequel tu officies ?
Scott Kolins : Oui, ce n'est pas le plus des héros DC. Blue Beetle est un personnage destiné aux jeunes lecteurs. Il est au lycée, il ne croise pas Batman ou Superman ou Wonder Woman. Le scénario nous montre comment il a acquis ses pouvoirs, comment son armure fonctionne. Tout cela le dépasse mais il fait tout ce qu'il peut pour s'opposer aux vilains tout en étant lycéen. Il a une personnalité attachante.
Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Scott Kolins : Je suis toujours sur Blue Beetle et j'irai jusqu'au bout de la série. Je travaille en secret sur un autre projet mais il est trop tôt pour en parler.
Tout au long de ta carrière, tu as alterné les rôles, parfois dessinateur, souvent encreur. Lequel préfères-tu ?
Scott Kolins : Le rôle que je préfère dans la création de comics est... d'en dessiner le plus possible ! J'aime dessiner, écrire, faire des couleurs. Je suis un coloriste très lent. J'aimerai beaucoup à l'avenir écrire et dessiner un titre mais c'est fastidieux et je n'ai pas le temps. Geoff et Keith m'y ont encouragé à plusieurs reprises. J'ai plein d'idées mais je suis trop lent. Je ne sais pas comment faisaient des artistes comme Jack Kirby ou John Byrne pour enchaîner à un tel rythme de production. Frank Miller ou Mike Mignola aussi sont capables de tout faire et avec un talent incroyable que ce soit en terme d'écriture, de dessin.
Avec quel auteur as-tu préféré travailler dans ta carrière ?
Scott Kolins : Je pense que c'est probablement Geoff Johns. Je passe un moment incroyable avec Keith Giffen, il est taré [rires] ! Avec Geoff, on s'est rencontré lorsque l'on était encore jeune dans le métier. On s'est toujours suivi, il m'a fait lire les premiers scénarios qu'il avait fait sur Flash alors que je n'étais même pas envisagé sur la série. Je me rappelle qu'une fois à San Diego, il est venu me voir pour que l'on échange autour d'un comic-book que j'avais dessiné et il m'a dit qu'un de mes découpages aurait sûrement été meilleur de telle manière. Il avait raison et il m'a débloqué quelque chose dans ma façon de voir la narration. Lorsque l'on parle, à chaque fois, ce sont des moments privilégiés.
Si tu avais le pouvoir métaphysique de visiter le crâne d'un autre artiste pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
Scott Kolins : Énormément... Je pourrai te dire que je souhaiterais aller visiter le crâne de Frank Miller ou John Byrne, Michael Golden, Barry Windsor-Smith ou Jack Kirby. Je vais donc choisir Barry Windsor-Smith car il n'a toujours travaillé que sur ce qu'il aimait, sur les histoires qu'il voulait, qu'il pouvait créer. Il a réussi à être aussi bien dessinateur que scénariste. Cela pourrait être aussi Jack Kirby pour connaître les secrets de son dynamisme, de sa capacité à se renouveler et s'emparer de n'importe quel genre. Il n'avait peur de rien, il faisait ce qu'il voulait, il dessinait ce qu'il voulait sur une page. Je peux avoir les deux ?
Merci Scott !