L'histoire :
Un nouveau corps est retrouvé au Japon, mis en scène comme les deux précédents avec des cornes. Il s’agit cette fois d’un humain, un des instigateurs de la loi sur les droits des robots, et les inspecteurs sur place font le lien avec les meurtres commis en Suisse et en Allemagne. L’inspecteur Gesicht se rend donc au Japon et y rencontre au passage Astro. L’intelligence artificielle de l’enfant robot l’impressionne : il semble capable de ressentir des émotions comme nul autre robot. L’inspecteur accepte de partager avec lui les données de l’enquête et Astro va ensuite aller inspecter les lieux du nouveau crime. Rapidement, il trouve des indices qui avaient échappé aux policiers, humains ou robots, et arrive à plusieurs constatations : déjà, il y a de fortes chances que, malgré l’absence d’indice sur le lieu des crimes, le meurtrier soit humain ; ensuite, il semble que le professeur Ochanomizu soit bientôt visé lui aussi. Astro rend donc visite au professeur et lui fait part de ce qu’il a appris : le meurtrier s’en prend apparemment à tous les ex-membres de la commission qui fut chargée d’enquêter sur la construction illégale de robots de destruction massive par la Perse, enquête qui a menée au 39ème conflit d’Asie centrale auquel ont aussi participé les robots de la liste du tueur... Pendant ce temps, Gesicht part prévenir Rando, un autre des 7 robots les plus forts du monde, qu’il risque d’être bientôt visé lui aussi, mais l’inspecteur doit également faire face à un nouveau problème : sa mémoire semble avoir été altérée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que le premier tome ne nous montrait le personnage d’Astro qu’à la toute dernière page, ce second opus ravira les fans de la série originelle car ce dernier a désormais un rôle beaucoup plus important. D’ailleurs, il est amusant de voir comment Naoki Urasawa imagine l’existence de l’enfant robot dans un futur aussi réaliste, même s’il n’est (et restera en théorie) qu’un personnage secondaire de l’intrigue, puisque le héros de cette version est bel et bien l’inspecteur de police Gesicht. Et il est aussi intéressant de voir comment l’auteur a revisité graphiquement les personnages imaginés par Osamu Tezuka à partir de 1952. Dans la postface (qui, comme dans le premier volume, est un petit plus appréciable), on apprend à ce sujet que le fils du maître lui a demandé spécifiquement cette nouvelle vision graphique, et le moins que l’on puisse dire est que le résultat est probant ! Dans ces nouveaux chapitres, l’inspecteur Gesicht continue son enquête tandis que deux autres personnes sont tuées (un humain et un autre des 7 robots les plus puissants du monde) de la même manière mystérieuse, et qu’Astro mène quant à lui sa propre enquête de son côté. Tout l’art de la mise en scène de l’auteur s’exprime enfin, encore plus que dans l’opus précédent qui démarrait doucement comparativement à ce qui nous est donné ici. Le scénario intrigue autant qu’il passionne et les graphismes sont à la hauteur du reste sans faiblir un seul instant. Couplées à l’enquête, des questions émergent quant au passé de l’inspecteur Gesicht et à la capacité des robots à être « humains », questionnements dans la pure veine d’un Philip K. Dick qui raviront les amateurs de SF de ce type. Après tout, quand la frontière entre l’humain et le robot devient flou, cela remet en question certaines notions, notamment le meurtre, en théorie interdit pour les robots envers les humains... Entre mystère, émotion, humanisme et futurisme, le récit nous emporte et on ne peut qu’avoir envie de se jeter le plus rapidement possible sur la suite. Pluto se confirme comme étant une série à posséder absolument dans sa bibliothèque ; avec des légendes du manga comme Naoki Urasawa et Osamu Tezuka en maîtres concepteurs, il pouvait difficilement en être autrement.