L'histoire :
A Sotoba, une petite ville japonaise perdue au milieu des montagnes, 3 cadavres viennent d’être retrouvés dans des maisons voisines et les premiers pas de l’enquête sont pour le moins troublants : deux d’entre eux sont dans un état de décomposition avancé tandis que le troisième est celui d’une femme qui gît à côté de l’un d’eux et semble ne dater que de quelques jours, ce qui indique qu’elle a vécu pendant un bon moment à côté du cadavre avant de rendre l’âme à son tour ! Avec un quatrième homme qui vient de succomber à un rhume d’été, cela porte déjà à 4 le nombre de personnes décédées - de morts naturelles d’après les autopsies - en quelques jours, faits pour le moins inhabituels à Sotoba. Tandis que Toshio Ozaki, le directeur de la clinique, et le bonze Muroi du temple s’inquiètent de ces événements, le reste de la ville va bientôt avoir un autre sujet de conversation : les riches propriétaires qui ont acquis récemment l’ancienne demeure traditionnelle qui trônait en hauteur de la ville et fait reconstruire un château occidental à la place viennent enfin d’emménager. La première à vraiment les rencontrer va être Megumi, une lycéenne qui ne rêve que de partir vivre dans une grande ville pour quitter définitivement ce « trou paumé » et ses habitants qu’elle méprise. Après être partie les voir seule au château, Megumi ne rentre pas chez elle et des recherches sont alors rapidement mises en place. Etonnement, la jeune fille est retrouvée sans connaissance dans la montagne durant la nuit, mais elle ne répond plus et semble amorphe. Le docteur Ozaki lui diagnostique alors une légère anémie, mais tout le village va être surpris lorsqu’elle va mourir d’épuisement quelques jours plus tard. Bientôt, d’autres vont à leur tour être un par un victimes de ce qui semble être une grosse fatigue ou un rhume d’été qui leur sera pourtant fatal quelque jours après...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adaptée d’après un roman japonais, cette histoire réunit rapidement tous les éléments d’un thriller fantastique et, de plus, la façon dont sont présentés les personnages - comme des « dossiers » - semble indiquer qu’ils sont tous des numéros dans une série de morts (ou tout du moins dans un rapport d’événements) à venir, ce qui ajoute encore à la tension et aux questions du lecteur. L’ambiance est rapidement oppressante, les faits troublants, et le moins que l’on puisse dire est que les amateurs du genre seront probablement comblés. Si le roman originel devait sans doute réunir toutes ces qualités, la présente mise en images possède par contre ses avantages et ses défauts. Le style graphique est parfois étrange mais toujours travaillé, avec par exemple des plans vraiment originaux et qui renforcent bien la sensation d’angoisse. Il y a aussi quelques ratés avec, dans les premiers chapitres (cela disparaît par la suite), un effet de style très mal rendu au niveau des joues des personnages où l’auteur rajoute systématiquement un petit éclair dont on ne voit pas l’utilité ni la signification. Le character design est parfois franchement trop décalé pour coller à l’aspect inquiétant du récit et garder un certain réalisme immergeant. En effet, voir des personnage avec des coupes de cheveux improbables, tout en pointes et en plusieurs couleurs dans un style très Yu Gi Oh, décrédibilise totalement tout le reste ; dommage pour un manga qui base tout sur l’ambiance ! Sans parler des personnages qui souffrent du syndrome du poseur, des yeux du bonze qui le font passer pour un démon, ou encore des personnages qui ne se différencient que par leur coupe de cheveux (par exemple le docteur et Natsuno) ! Pour le reste, les décors et arrière-plans sont très présents, bien fournis et souvent réalisés à base de photos pour un rendu final réussi, le tramage est correct mais manque de nuance, et la sensation de chaleur étouffante du plein été japonais est très bien rendue par des contrastes très vifs (et une impression à la hauteur avec des blancs impeccables et des noirs profonds). Une histoire intrigante, prenante, mais servie par des graphismes un peu particuliers donc, mais qui n’empêchent pas plus que cela de profiter de la lecture si l’on sait faire abstraction des quelques défauts. Le suspense n’est pas énorme (on devine très rapidement ce qu’il se passe) mais, ce premier tome terminé, on a tout de même envie d’enchaîner avec la suite.