L'histoire :
Momo, Pap, Rachid et Patrick, les 4 jeunes « désœuvrés » de la cité des Mirabelles, ont-ils eu raison de se donner les moyens de leurs ambitions ? Ils accèdent en tous cas aujourd’hui au faîte de leur gloire, « grâce » au piège tendu par leur ancien pote de la cité, le flic Polzak. En effet, après quelques années de traitement en direct avec la pègre espagnole, pour assurer l’approvisionnement de la drogue vers leur banlieue, ils ont investi leur fric dans une fastueuse boîte de nuit à Marbella. Momo peut même acheter une villa bourgeoise à sa mère et ses sœurs ! Cette réussite sociale agace au plus au point les pègres locales, en France comme en Espagne. Elles n’attendent qu’une faille pour faire exploser leur routine et reprendre la main. Le seul gros risque du système des quatre jeunes vient des « go-fast » réguliers qu’ils doivent organiser pour remonter la drogue vers leur banlieue. Devant, une voiture « vide » vérifie que la route est dégagée, qu’il n’y a pas de barrage de police aux péages d’autoroute ; une voiture centrale trimbale ensuite la dope ; une voiture referme la marche derrière et intervient en cas de pépin. C’est chaud, mais jusqu’à présent, ça a toujours fonctionné. Ça ne va pas durer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La fin de cette trilogie mafieuse ressemble à la chronique d’un drame annoncé. Après deux tomes d’ascension inexorable pour la bande des 4 « jeunes issus des cités », ce dernier opus se consacre en effet à leur déchéance. Or, plus on monte haut, plus la chute est brutale… Une séquence de « go-fast », prenante et désastreuse, constitue le climax et entame le déclin de leur business. Bizarrement, ce final est aussi le plus manichéen, le moins emballant tant au niveau de la psychologie des personnages que des évènements. On ne croit pas tout à fait à cette boîte de nuit fastueuse, à cet avocat trop vicié pour être un membre éminent du barreau, à la détérioration radicale des relations entre Momo et Patrick… Le dessinateur Luc Brahy semble y croire lui aussi un peu moins, qui insère des photos pixellisé en décors ou délaisse plus volontiers les arrières plans… Cela dit, cette conclusion demeure cohérente et très agréable à suivre ; c’est juste que les deux premiers volets étaient vraiment un cran au-dessus. Au final, la trilogie a le mérite de dévoiler les rouages bien rodé de la diffusion de la drogue et d’être explicite sur l’accès de la petite délinquance au grand banditisme. Frédéric Ploquin (journaliste à Marianne) et Pierre Boisserie (scénariste de BD) terminent ici une collaboration fructueuse et peuvent être fiers de ce polar mafieux violent, entre la Haine (de Mathieu Kassovitz) et Scarface (avec l’inoubliable Al Pacino).