L'histoire :
Le navire marchand de l'égyptien Epidemaïs fait escale par le village d'Astérix et Obélix. A la surprise générale, un frèle lusitanien, qui a jadis côtoyé les gaulois de ce village d'irréductibles (il construisait Le domaine des dieux), en descend et se dirige tout droit vers le chef traditionnellement perché sur son bouclier. Il s'appelle Boulquiès et a fait le voyage depuis son petit village côtier de Lusitanie (Portugal) pour requérir l'aide des gaulois. En effet, leur ami Mavubès, un modeste producteur de garum (une sauce de poisson séché), très appréciée de Jules César, est accusé d'avoir cherché à empoisonner l'empereur romain. Il se retrouve injustement emprisonné dans une geôle d'Olisipo (Lisbonne) et condamné à être publiquement dévoré par les lions. Les gaulois sont outrés. Abraracourcix propose aussitôt qu'Astérix et Obélix accompagnent le lusitanien dans son pays pour faire toute la lumière sur cette vile conspiration... et délivrer Mavubès ! Le duo embarque ainsi pour mener l'enquête...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'ère Fabcaro qui s'est ouverte dans la saga Astérix avec le précédent opus, est assurément l'une des toutes meilleures. Non seulement cette nouvelle aventure « de voyage » emmène le célèbre trio (n'oublions pas Idéfix) à la découverte d'un pays inédit – le Portugal – mais elle a aussi du fond et beaucoup d'humour. Pour le fond, Fabcaro parodie ici les grands groupes industriels du CAC 40 (le Cercle des As du Commerce... XL en chiffres romains !) à l'ère des échanges commerciaux sud-européens. Ainsi, un petit artisan de garum (une sauce à base de poisson fermenté, une spécialité portugaise) est en effet victime d'un kompromat de la part d'un gros producteur qui veut prendre des parts de marché à Rome. L'enquête menée par Astérix et Obélix vise donc à faire éclater la vérité auprès de César. Elle est certes un peu simplette, car prétexte à balancer des tas de jeux de mots et de vannes tantôt subtiles (un plat de lentilles pour Mavubès...), tantôt convenus et running-gags autour les clichés inhérents au registre de la parodie (les prononciations en « çao », la morue partout, le tempérament de saudade permanente, la pilosité exacerbée, les dalages et carrelages impeccables...). Mais l'ensemble est équilibré et dynamique, à l'image du dessin de Didier Conrad, admirable contrefacteur d'Albert Uderzo dans sa reprise des personnages et du décorum. De manière anecdotique, on note aussi qu'après le mini-scandale du Spirou pseudo-raciste, la vigie pirate prononce désormais les R ! (... et Fabcaro le souligne malicieusement).
