L'histoire :
En mars 2019, après avoir compris certains paramètres techniques de la mort, une équipe de scientifiques a pris place à bord d’un vaisseau high-tech destiné à explorer l’au-delà. Physiquement, l’Horus-Râ reste dans un hangar, mais à bord, tous les membres en scaphandre filent à vive vitesse à travers des nuées et différentes strates, entrainés grâce à un flux de tachyons par le sarcophage d’un jeune homme décédé, Matt. Tantôt ils sont bombardés des images fortes de leurs passés, tantôt ils doivent affronter leurs propres côtés obscurs. Aussi paradoxal cela puisse paraître, l’un de ces « thanatonautes » est même mort, faute de pouvoir prétendre à une « rédemption ». Au QG de contrôle, sur Terre, où le temps se déroule 60 fois plus lentement, on s’inquiète de la glaciation subite de la machine. Et effectivement, à bord, on cherche – et on trouve – le moyen de dégeler des circuits bloqués. Toujours entrainé par le sarcophage de Matt, leur vaisseau se rapproche de la vive lumière et s’apprête à faire de nouvelles stupéfiantes rencontres. Ils se posent à ce moment des questions métaphysiques sur leur esprit et leur enveloppe charnelle : sont-ils réellement à bord de l’Horus-Râ ou partagent-ils un champ de pensées communes ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour nous autres humains, ce qu’il se passe lorsqu’on meurt est sans doute le sujet le plus mystérieux depuis la nuit des temps. En 1994, en entremêlant les croyances de toutes cultures et les rapports de NDE (Near Death Experience), Bernard Werber avait astucieusement défriché un voyage vers l’au-delà avec son roman Les Thanatonautes (adapté en trilogie BD depuis). Le trio Bajram-Mangin-Ponzio réitère la chose à sa façon avec Experience mort, dont voici le second et dernier volet. Ici, les auteurs ne plagient en aucune façon Werber, mais on retrouve tout de même souvent les mêmes hypothèses : lumière vive au bout, décalage temporel, strates successives de pensées douloureuses ou joyeuses… Ils ont surtout le mérite d’avoir imaginé un « cadre scientifique » nouveau et admissible à la chose (le champ de tachyons) et d’éviter les flous gaussiens ésotériques, un recours souvent emprunté en pareilles circonstances. Le dessin archi-informatisé – à partir de clichés d’acteurs et de reconstitutions 3D – réalisé par Jean-Michel Ponzio, est parfaitement cohérent avec ce registre technique et cette intention. Les auteurs trouvent aussi une conclusion ingénieuse et inattendue à l’aventure de ces explorateurs de l’au-delà… que nous tairons afin que vous gardiez tout le plaisir de lecture. Certes un peu « froid » dans sa construction narrative, ce diptyque n’a pas la prétention de donner une hypothèse forte de l’au-delà : nous restons fermement embarqués par une aventure de science-fiction de série B, mais celle-ci se laissera apprécier par ses trouvailles scientifiques et son final.