L'histoire :
Au retour d'une expérience scientifique de voyage au-delà de la mort, financée par la milliardaire Kathlyn Fork, l'humanité subit une forme d'apocalypse peu banale : tous les morts se mettent à ressusciter ! Cela se produit selon un ordre ante-chronologique, à raison de deux jours par année de mort. Ainsi, les morts du 11 septembre sont déjà revenus à la vie et leurs bourreaux terroristes ont aussitôt été immolés sur des bûchers, pour un cycle infini de morts et de résurrections. Ainsi, le retour de Jésus est calculé pour dans 13 ans. Mais durant le chaos social et médiatique, le premier ressuscité, Matt Fork, est enlevé par une secte pour être dissout dans de l'acide. Or à ce moment, son double astral sort de son enveloppe charnelle en liquéfaction. Les adeptes de la secte le prennent pour Jésus Christ. Ce corps luminescent extrait alors le squelette de Matt de l'acide, et en quelques minutes, son corps se reconstruit, tendons, muscles, puis peau. Tel le phœnix, Matt est ainsi régénéré, en une résurrection express. Il prend aussitôt la tête d'une mission messianique, d'un pèlerinage auquel s'agrègent petit à petit des centaines de fidèles. La mission qu'il s'est fixée consiste à révéler au monde ce qu'il a vu après la mort, c'est à dire : rien. Le néant. Dieu n'existe pas, ni le paradis, ni l'enfer. Cependant, Élois et Buzz comptent quant à eux refaire un voyage dans l'au-delà pour mieux le comprendre, grâce à des plans du grand-oncle d'Elois et à la barque de Râ rapportée d'Egypte par Isaac et l'agenda Black. Mais encore faudrait-il que le Mossad israélien les laisse sortir de leur prison, après avoir longuement étudié les flux de tachyons émanant de la barque...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La mort, la résurrection, la vie éternelle, la fin du monde… Quand Denis Bajram et Valérie Mangin s’emparent de toutes ces thématiques aussi passionnantes que vastes, ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Au point où nous en sommes au début du tome 4 de ce thriller fantastique post-apocalyptique, l’humanité est en train d’entièrement ressusciter et cela pose quelques évidemment petits problèmes sociaux… une litote du chaos. Quels droits, quels logements, quelles activités peut-on procurer aux ex-morts ? Le jeune homme qui a servi de poisson-pilote pour emmener l’expédition dans la mort se mue également en néo-messie, accompagné par un cortège croissant d’adeptes. Son objectif original est d’informer sur une vérité à contre-emploi avec celle communément admise par les principales religions : après la mort, il n’y a rien. Et paf, dans les dents. Enfin, d’autres personnages cherchent à retourner faire un tour dans la mort, afin de mieux la comprendre. Chacun de ces axes narratifs intrigants et porteurs pourrait constituer en soi une intrigue passionnante, car porteur de questions philosophiques, éthiques et de bouleversements conceptuels sur le train-train de l’humanité. Les co-scénaristes s’en tiennent pourtant à la même recette que précédemment : un patchwork hétéroclite de courtes séquences alternées, dans lesquelles on peine à s’immerger. Question de rythme ? De mise en scène morcelée ? Parfois d’accents de série B ? Peut-être le graphisme ultra-réaliste de Jean-Michel Ponzio, créé à partir d’acteurs photographiés, redessinés et insérés dans des décors une nouvelle fois talentueusement travaillés, a tendance à figer des postures, au détriment du souffle séquentiel. Le lecteur ressortira de cette œuvre certainement titillé par moult conceptions originales, mais pas totalement convaincu.