L'histoire :
En juin 2016, un gardien du musée du Caire se retrouve littéralement carbonisé lorsque sa main touche la barque de Râ, une relique antique devenue soudain étrangement luminescente. A la même époque, la doctoresse Eloi, archéologue spécialiste des tachyons, reçoit une proposition d’embauche qu’elle ne peut refuser. Quelques mois plus tard, c’est au tour du chef ingénieur israélien Isaac Levy, du Cardinal Teillard du Vatican, de l’agent spécial Black et du pilote militaire Buzz, tous deux américains, d’intégrer le « projet Râ ». Le 19 mars 2019, des centaines de manifestants issus de diverses communautés religieuses se sont réunis devant les grilles de la Fork Industries. Tous s’insurgent contre les rumeurs d’expériences que s’apprêtent à faire Madame Fork, la femme la plus riche du monde. En effet, en raison d’une maladie incurable, son fils Matt a été plongé depuis des années dans un coma frigorifique. Aujourd’hui, elle s’apprête à l’accompagner jusqu’aux frontières de la mort dans un vaisseau high-tech de voyage vers l’au-delà, aux côtés d’une équipe d’explorateurs de la mort. Baptisé Horus-Râ, ce vaisseau est relié par de savants câblages au cercueil glacé de Matt, qui devrait les entrainer avec lui dans la mort, dans quelques minutes, après qu’une équipe « au sol » l’a euthanasié…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça vous tente, un petit voyage par-delà la mort ? Sans promesse de retour, bien entendu… (quoique). C’est à cette expédition que vous convoquent Valérie Mangin, Denis Bajram (tous deux au scénario) et Jean-Michel Ponzio (au dessin). Avec cet enjeu d’explorer la mort, le premier tome de cette Expérience mort s’inscrit donc comme une variante des Thanatonautes de Bernard Werber, bien que ses conjectures diffèrent. Comme souvent dans les œuvres du couple Mangin-Bajram, le scénario s’appuie sur une condition scientifique plausible : tout part ici de la découverte et de l’utilisation des tachyons, des particules aujourd’hui hypothétiques. Puis il faut un casting logique d’explorateurs : il se compose judicieusement de quelques têtes brûlées (le pilote et l’agent spécial) ou curieuses (la savante et le cardinal). Enfin le budget de ces héros est quasi illimité, car une milliardaire a une sacrément bonne raison d’être motivée (son fils à moitié mort). Tous ces paramètres nous sont révélés progressivement, afin de bien faire monter le suspens. Puis le voyage à proprement parler occupe une seconde moitié de l’album, avec son lot d’épreuves métaphysiques piquantes… qui se poursuivront dans le second volet. Ces conjectures passionnantes se dévoilent au travers d’une composition visuelle signée Ponzio, dont les traitements photos sont souvent taxés de « trop réaliste ». Secondé par les effets visuels de Bajram, l’infographiste livre toutefois une bande séquentielle rythmée, limpide et parfaitement adaptée au registre de l’aventure scientifico-technique, d’autant qu’elle se montre plus « dessinée » que sur certains récents albums. Bref, la BD de la mort qui tue…