L'histoire :
Sur une plage de Loire-Atlantique, alors que le vent balaye avec fureur le paysage qu'une nuit obscure rend angoissant, Ken Judson, agent de l’Intelligence Service anglais, a le front trempé. Ce n'est pas la pluie qui s'abat sur lui, mais la sueur liée à la concentration. Allongé de tout son long, il tient entre ses mains un appareil qui détecte les ondes. Satisfait de son relevé, il se redresse, tandis que deux avions à réaction strient le ciel dans le bruit de tonnerre généré par leurs réacteurs. Dans cette obscurité, impossible qu'il ait été remarqué par les deux jets. Il parcourt quelques centaines de mètres pour rejoindre la nationale et après quelques minutes supplémentaires de marche, il rejoint les abords d'une maison. Le long de l'enceinte du bâtiment, stationne une camionnette. Le coup de sifflet qu'il donne est une indication à l'attention des collègues qu'il va rejoindre à bord de la Citroën. La camionnette en question est une planque. A son bord, deux agents du deuxième bureau du SDCE l'attendent. Judson est venu prêter main-forte en renfort, car un exercice militaire international est en cours. Mais les renseignements français ont détecté des activités suspectes, dont un petit réseau d'espions soviétiques. L'anglais est excité : il est sûr et certain qu'il faut conduire une opération coup de poing, maintenant que son appareil a parlé. Les gars cherchent à contacter Coplan, qui est responsable de cette opération mais il n'a pas regagné le poste de communication. Judson perd le flegme qui caractérise les britanniques et décide, malgré les ordres, d'intervenir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Signaux dans l'ombre est le septième roman de la série, publié en 1953 chez Fleuve Noir. Adapté en 1970 par les éditions Arédit basées à Tourcoing, il est le 5ème volet de la collection que les Comics Pocket lui ont consacré. La première remarque qu'on peut faire est le changement de dessinateur, dont le style est nettement moins figé que son prédécesseur, avec un encrage qui n'hésite pas à recourir à de larges aplats noirs. En résumé, le visuel est plus élégant et moderne. Côté esthétique, on monte donc d'un ton. Côté scénario, ça commence très fort, donc comme on l'aime, avec un agent secret faisant du zèle, ce qui va carrément pourrir la filature que Coplan & Co menaient jusque-là aux petits oignons. Le contexte est ainsi très vite clairement posé : un exercice international de simulation de conflit a attiré une curiosité pour le moins déplacée d'au moins une organisation, qu'il faut naturellement identifier avant de recevoir éventuellement l'ordre de la neutraliser. Au passage, on note que désormais, notre Francis national n'opère plus en franc-tireur. Bien au contraire, on lui a confié la tâche de synchroniser plusieurs équipes et le voici à superviser plus d'une centaine d'agents ! Côté cohérence, le duo de belges qui se fondaient dans le pseudonyme de Paul Kenny a aussi affiné ses armes depuis le début de la série et ça se ressent : finies les circonstances alambiquées d'un Coplan dont le comportement relevait dans ses précédentes aventures plus de la fouine insupportable que d'un pro qui agit dans l'ombre. Le voici « devenu » un redoutable espion : vif, intelligent, brutal que s'il y est obligé, mais sans aucun état d'âme quand il faut protéger l'intérêt de la nation. On assiste donc ici à un démantèlement en bonne et du forme d'un réseau d'espions, avec toutes les bonnes ficelles du genre : filatures, coups de filets, retournements de situation, meurtres et tortures, le tout servi avec sa galerie de barbouzes et d'enfants de salauds, ainsi que ses théâtres d'opération qui vont de la France aux montagnes Suisses, en passant par la haute mer. Un volume réussi, qui ne reste pas dans l'ombre de cette collection.
