L'histoire :
Après sa douloureuse première expérience d’enquêteur de terrain sur l’affaire du serial-killer « La Chanson douce », Lloyd Singer est soumis à un nouveau défi : tenter de sauver sa famille. En particulier, il s’agit de participer à une psychothérapie familiale pour tenter d’enrayer l’anorexie d’Esther. A renforts de retour dans leur enfance, la fratrie dessine peu à peu les contours de la problématique. En particulier, elle (re)découvre l’ambiguité des rapports conjugaux de leurs parents, les manipulations directes ou indirectes dont ils ont été victimes, enfants, ou le rôle que chacun a du jouer à la mort du couple. Et puis, il y a aussi cet assassinat jamais réellement élucidé. Celui d’Anya, une employée de l’épicerie familiale, dont le jeune Lloyd était secrètement amoureux. Il le lui avait d’ailleurs révélé le soir même de son assassinat. Anya s’était gentiment moquée. Et Lloyd était retourné aider son père à organiser la réception pour l’enterrement de vie de garçon d’Ari, le futur mari d’Anya… C’est peut-être bien aujourd'hui que Lloyd va enfin pouvoir connaitre la vérité : un serial-killer qui vient de se faire prendre « la main dans le sac » souhaite ne s’adresser qu’à lui. Il prétend tout savoir sur l’assassinat d’Anya. Aussi, Lloyd prend-il la direction de la prison fédérale de Miami. Il est accompagné de Ruben, son futur beau-frère et frère d’Anya. L’homme qu’ils doivent rencontrer se nomme Schlomo Spiegel et c’est un ancien ami du père de Lloyd…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Huit jolies petites mandales et puis s’en va… Lloyd Singer, ex-comptable du FBI devenu – au fil des opus – agent de terrain, tire sa révérence pour de bon avec ce 8éme et dernier épisode. Lui et sa clique familiale, son double masqué, ses binocles d’intello et son incroyable sens de la psychologie. Difficile de s’y résigner d’ailleurs, tant le personnage aura littéralement piégé notre affection à renforts de qualités humaines hors norme et de blessures psychologiques promptes à éduquer notre empathie. De quoi plaire, en tout cas, et troubler l’ordre habituellement établi dans l’univers du thriller policier. Et tout ça sans parler des qualités intrinsèques des intrigues policières mises si judicieusement en mouvement – et toujours avec la science du suspens – par le talent d’un scénariste apparemment sentimentalement très impliqué dans l’histoire de ce drôle de héros de bandes dessinées. Bref, tout ça pour dire qu’on regrettera ne pas se faire chahuter de nombreuses fois encore par Lloyd et ses salves d’emmerdements. Cela n’empêche pas pour autant ce troisième cycle de se clore avec brio : suspens ; grosse surprise ; mise en danger ; révélations et amorce d’un nouveau schéma familial sont au rendez-vous. Centré sur la problématique familiale des Singer (révélée entre autres par l’anorexie de la fille aînée de la fratrie), le récit poursuit à renforts de flashbacks son exploration du passé. D’autant que le serial-killer mis sous les verrous, lors du premier opus de ce diptyque, a quelques grains de sel à proposer pour permettre de faire la lumière sur l’assassinat d’Anya (une employée de l’épicerie familiale) et sur la disparition accidentelle (?) des parents de Lloyd. De quoi aspirer un peu plus encore notre agent du FBI dans un gouffre dangereux…Une nouvelle fois, le récit trouve son impeccable rythme grâce à un flux de flashbacks régulier, des révélations millimétrées, l’exploration de névroses familiales à tiroirs et une tension émotionnelle permanente. Un travail d’orfèvre parfaitement relayé par le crayon d’Olivier Martin et qui garde sa capacité d’accroche de bout en bout. En somme, une des toutes meilleures séries du genre.