L'histoire :
Lloyd Singer, alias le justicier Makabi, surmonte avec difficulté les démons de sa récente mésaventure face aux réseaux mafieux russe (lire le premier cycle). Pour l’aider à donner du sens à sa vie, lui qui était jusqu’alors simple comptable au FBI, est à présent en formation d’agent de terrain au centre de Quantico. Or, dès son arrivée, son ami Simon La Bianca requiert ses qualités humaines pour l’approche délicate d’un témoin sensible. Ancienne « miss fête des foins », Patsy Lee Pumpkin est en effet l’unique rescapée d’un détraqué sexuel qui compte déjà 10 victimes à son compteur. « La chanson douce », tel que l’ont surnommé les enquêteurs, est un serial killer qui défigure méticuleusement de belles jeunes femmes, avant de leur faire l’amour, de les tuer, puis de les abandonner avec une poupée chantante dans les bras. Aujourd’hui le visage recouvert de bandage, honteuse de cette nouvelle laideur, Patsy est très perturbée. Sous protection rapprochée du FBI, elle jure comme un charretier et rejette violemment la présence de quiconque. Lloyd doit alors user d’une infinie patience pour établir un lien, notamment par le biais d’un petit singe savant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour un super-héros, Lloyd Singer, anciennement Makabi (chez Dupuis) évolue décidément bien en marge des autres thrillers psychologiques. Si le découpage de ce nouveau cycle peut paraître a priori complexe, notamment en raison des multiples flashbacks enchainés, la trame reste parfaitement limpide. Ce principe de « narration syncopée » nous permet avant tout d’approfondir l’identité de Lloyd Singer, alias Makabi le justicier. Car c’est bien sur l’aspect psychologique que se démarque cette série, basée sur une approche radicalement différente de tout ce qu’on trouve ailleurs en matière de héros. En effet, contrairement aux autres personnages du 9e art, Lloyd endosse péniblement le rôle de Makabi et n’assume pas pleinement ses conséquences. Judicieusement, Brunschwig l’envoie donc en formation ! Bien que déjà « héros ordinaire » dans le premier triptyque, Lloyd restait un simple comptable ; le voilà logiquement en train d’essayer de décrocher sa légitimité de « héros de terrain ». Mais cela ne se fait pas sans quelques perturbations psychologiques : on n’apprivoise pas une nouvelle personnalité comme ça. Or, étant donné que Luc Brunschwig est un as pour surprendre son monde et évoluer très en marge des sentiers balisés, bien malins ceux qui devineront les composantes futures de la série. En attendant, l’habile scénariste doublonne ces évolutions intimes par un début d’intrigue parallèle et néanmoins très prenante, autour du thème classique du serial-killer et du témoin perturbé à protéger. Avec tout cela, on en oublierait presque de parler de la justesse du dessin réaliste d’Olivier Neuray, une nouvelle fois largement à la hauteur ! On abordera plus longuement cet aspect en lisant la suite, que Bamboo fait paraître de concert : La chanson douce...