L'histoire :
Dans une immense villa en Floride, un homme entre une arme à la main. Nous sommes en 1969, il est venu accomplir une vengeance, réclamer justice. Lorsque le propriétaire sort de chez lui, un verre de whisky à la main, il ne voit pas tout de suite l'inconnu sur la chaise longue. Mais très que l'arme est pointée sur lui, dès qu'il reconnaît le visage, il panique. Il offre de l'argent pour rester en vie. 24 ans plus tôt, en mars 1945, la ville de Berlin est en ruines et en flammes, en raison des bombardements alliés. La fin de la guerre est proche, les officiers et dignitaires du parti Nazi doivent obéir aux ordres d'un führer dont le sort est incertain. Ils tentent de préparer les conditions de leur fuite plutôt que résister à des combats perdus d'avance. Parmi eux, un certain Geisel a organisé le détournement de lingots d'or pour s'enfuir vers l'Amérique du Sud. Il va avoir besoin pour cela d'un ancien camarade appelé Aurelius. Au même moment, le savant Von Braun cherche lui aussi une porte de sortie pour lui et pour ses précieux travaux sur la fusée V2. Il cherche plutôt vers l’Ouest américain que vers les communistes de l’URSS. Et dans le camp de concentration de Dora, qui fournit la main d'œuvre aux ateliers de Von Braun, Nathan et Nadia, deux jeunes juifs, s'apprêtent à s'évader...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce volume qui regroupe les tomes 7 et 8 de la saga, Philippe Jarbinet est en pleine maîtrise de son art narratif. Le premier épisode pose parfaitement les dimensions du suspense, tout en laissant totalement planer le mystère de la rencontre en Floride en 1969 : qui est l'homme qui veut se venger, qui est sa victime potentielle ? Comme souvent avec ces intros pleines de suspens qui débouchent sur une histoire complètement en flashback, c'est avec beaucoup d'excitation qu'on y revient à la fin de ce volume. Tout sera très cohérent. La fin de cet épisode est d'ailleurs l'occasion de voir le dessinateur dans des décors plus modernes, plus technologiques. Et là aussi, il excelle avec des pages magnifiques et percutantes en couleurs directes. Ce diptyque peut se lire sans avoir débuté la série au préalable. C'est une grande qualité de cette saga qui s'appuie sur un contexte évidemment fort, choisit des sujets précis (ici le rabais sur les V2), tout en introduisant des personnages qu'on a le temps de connaître et auxquels on s'attache. C'est un travail cohérent porté par un style de plus en plus affirmé et puissant. L'auteur gère le tempo, les moments de contemplation comme les cerfs aux abois en première page du deuxième épisode. Une mise en scène brillante et solide qui s'appuie sur un grand talent graphique.
