L'histoire :
Décembre 1845, un soir à bord du navire Virginia… Edgar Legrand et son ami William Wilson font route vers New-York, en compagnie de Kitty. Tandis qu’Edgar ouvre son coffre fort, contenant une véritable fortune en lingots et pièces d’or, Kitty se délasse dans un bon bain bien chaud. Miles, un marin, le sait, car au terme d’une escalade risquée, il s’est suspendu au flan du navire, pour mater tout cela par les fenêtres de leur cabine. Surpris par un autre marin, il réplique à l’altercation et se fait maitriser par les autres après avoir donné un vilain coup de couteau. Il est arrêté et mis à fond de cale. A l’arrivée du navire dans la baie d’Hudson, l’homme filera entre les pattes des forces de polices. Cependant, Legrand et Wilson s’apprêtent à rendre visite à un ami d’enfance, Roderick Usher, habitant un sinistre manoir gothique en une contrée austère. Enigmatique et inquiétant, l’homme réclame leur présence par courrier, se disant atteint d’une maladie physique aigüe et d’affection mentale. Juste avant l’arrivée de ses amis, Usher réceptionne en son manoir une curieuse livraison : une authentique momie égyptienne, qu’il fait installer dans sa cave, sur un dispositif technique étrange, à proximité du cercueil de sa sœur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce second volet de l’adaptation de l’œuvre d’Edgar Poe, Roger Seiter et Jean-Louis Thouard ont arrangé une sorte de patchwork de plusieurs nouvelles extraordinaires secondaires, pour un résultat pas vraiment convaincant. Poe, qu’on peut considérer comme l’un des inventeurs du genre fantastique, est certes honoré par le respect d’une ambiance gothique et inquiétante à souhait. Notamment – et c’est l’aspect qui saute d’emblée aux yeux du lecteur – le dessin/graphisme de Thouard baigne en permanence dans des teintes glauques, ternes et tourmentées, quasiment toujours en bichromie. Ce traitement colorimétrique met difficilement en relief son coup de patte, qui demeure d’une belle maîtrise. Mais il faut bien reconnaître que côté scénario, cela reste particulièrement confus. Malaisé en effet, de relier en un tout palpitant le différent de Miles et du brigand Blake, avec la catalepsie familiale de la famille Usher et l’approche précurseur du mythe classique des vampires (le Dracula de Bram Stoker est de 1897, tandis que les Histoires extraordinaires de Poe furent publiées en 1857). Le récit tourne peu à peu au grand-guignolesque quelque peu hermétique… Dommage, au regard d’un premier tome assez prometteur.