L'histoire :
Julien, spin doctor dans une agence de conseil et de communication politique, fête dans un bar parisien la naissance de son bébé. Il s’étonne d’y voir un client quasiment en stand-up : sûr de lui, accoudé au bar, Guy Farkas, jadis représentant pharmaceutique, a des idées politiques bien arrêtées et il les débite avec panache devant un public venu nombreux et conquis. Certes, le fond est un peu rétrograde, mais ses talents d’orateur impressionnent Julien. Front dégarni, moustache en brosse, complet cravate et pattes d’éph’, ce grand gaillard est surnommé « le Teckel ». Le lendemain, en plein brainstorming, Julien ose proposer une stratégie parallèle pour booster la candidature de son « client » officiel, pour sa course à l’Elysée. L’idée est d’utiliser Farkas en tant que candidat factice pour réveiller les débats autour du conservatisme, de la nostalgie, le candidat de la France d’avant ! Celui-ci s’effacera ensuite en appelant à voter pour le bon candidat. L’idée est risquée, mais elle séduit. Une collègue de Julien, Aïcha se présente ainsi à Farkas en tant que conseillère pour sa campagne. Au fil des jours, elle prend la mesure de la personnalité complexe, incroyablement rétrograde, mais terriblement attachante, de cet étonnant personnage, qui choisit un ancien salon de coiffure poussiéreux comme QG plutôt qu’un open-space en haut d’une tour. Commence alors l’entrainement aux débats…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome du Teckel nous avait présenté un personnage fort en gueule, un caractère incroyable, un profil psychologique à rendre dépressif n’importe quel psy. Le second opus avait enfoncé le clou tout en poussant le bouchon (vous essaierez chez vous de faire ça en même temps… pas facile-facile), versant tout autant dans la chronique sociale humoristico-cynique que dans le thriller. Sans se départir de ce ton, avec ce troisième volet qui peut se lire tout à fait indépendamment des deux précédents, notre héros au croisement entre Jean-Pierre Marielle et un dindon se lance dans la politique. Et pas qu’un peu : malgré la longue liste des postulants authentiques, Hervé Bourhis (au scénario) et Grégory Mardon (au dessin) nous le placent parmi les candidats à l’élection présidentielle de 2017 ! Evidemment, avec ces deux auteurs rompus aux mécanismes sociaux déviants et aux décorticages de tempéraments folklo, il faut vous apprêter à un grand moment de politiquardie. Ils brossent en effet une critique douce-amère particulièrement finaude – et non agressive ! – des stratégies modernes, plus accès sur la communication que sur la Politique avec un grand P. Tout ici est question de positionnement marketing, « d’éléments de langages », de biais rhétoriques, d’orientation des réseaux sociaux… Ainsi, comme Trump l’a prouvé aux USA, un candidat qui ose clamer n’importe quelle ânerie peut incarner un candidat crédible, à partir du moment où il parle avec son cœur, quand bien même ce dernier tachycarde à côté de la plaque. Le principal étant de faire parler de soi, d’éructer plus fort que les autres. Le dessin moderne est simple, mais ad hoc pour mettre en scène les portraits expressifs de cette clique. On reconnait François Hollande et Nicolas Sarkozy dans leurs propres rôles (oups, l’album a été réalisé avant fin novembre 2016, départ du grand chamboulement) et Najat Valo-Belkacem dans celui de la spin-doctor Aïcha.