L'histoire :
Denis, « le tueur », occupe toujours un vague poste d’analyste en import-export au sein du port du Havre. Cette couverture lui permet d’exercer en douce son activité de tueur à gage, désormais sous l'autorité des services secrets français. Il fait équipe avec deux autres partenaires, Barbara et Nicolas. Ils ont dans leur viseur le maire de la ville, Marchand, une véritable pourriture corrompue, qui a dernièrement très habilement manœuvré avec son discours populiste. Son succès médiatique lui vaut d’être aujourd’hui en vue pour un poste de Ministre – et son ambition va sans doute au-delà. Les magouilles de Marchand avec les caïds locaux sont improuvables, mais l’Etat ne compte pas laisser faire. D’autant qu’elles ont donné lieu à un trafic d’armes vers un groupuscule islamiste, responsable d’une fusillade meurtrière dans une ville du Sud-Ouest. Nicolas est écœuré par le discours donneur de leçons du futur ministre, qu'il voit quasi quotidiennement à la télé. Il trépigne de recevoir l’ordre de le liquider. Denis, lui, sans illusion sur la nature humaine, reste stoïque et patient. Les choses se précipitent lorsque l’iman d’une mosquée soupçonné de connivence avec les milieux djihadistes est assassiné par un chef de gang. Les flics étaient justement en embuscade et ils interviennent aussitôt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adorable salopard, le tueur travaille désormais pour les services secrets français, donc il peut s’adonner à sa misanthropie désabusée meurtrière en toute légitimité. Sous couverture d’un job à la con, il œuvre en sous-marin, en groupe et toujours avec le professionnalisme que lui confère sa grande expérience de tueur au service de la mafia (relire le premier cycle). Ce positionnement astucieux permet au scénariste Matz de faire perdurer la méthode narrative très efficace de la série, à l’image d’un autre tueur attachant de la chaine HBO, Dexter : les soliloques de sa pensée intérieure, en encadrés narratifs. Le tueur a parfaitement compris que l’homme est mauvais. C’est pourquoi il ne s’attache à personne et n’a aucun scrupule à liquider. Il feint tantôt l’amour, tantôt l’amitié, et lorsqu’il a le feu vert, il fait son job calmement, simplement, infailliblement. Ce tome 3 semble clore le cycle. Pour autant, ne vous attendez pas à de grands bouleversements : le récit boucle classiquement l’intrigue en cours, avec un climax attendu et inéluctable, depuis le 1er tome du renouveau « Affaires d’Etat. Tout aussi professionnel que son personnage, le dessinateur Luc Jacamon décline son style si personnel : des grandes cases, des gouttières étroites, des gros plans, des décors réalistes, des personnages impassibles, une colorisation contrastée. Si la fin du cycle ressemble à une mauvaise nouvelle pour les amateurs de BD, l’excellente nouvelle qui suit, c’est que les droits de la série ont été achetés par Netflix® et qu’un long métrage est en cours de tournage, avec un casting de dingue : David Fincher à la réalisation et Michaël Fassbender dans le rôle du tueur. Waow !