L'histoire :
Suite à son dernier contrat du côté du Havre, Denis « le tueur » a été mis « au vert » par son employeur, l’Etat français, dans un chalet cocooning des Alpes. Ça tombe bien, cet exécuteur professionnel apprécie la solitude et la nature. Il en profite pour faire de grandes balades dans la neige, au cours desquelles ses réflexions sur la condition humaine renforcent sa misanthropie. Un soir, dans un autre chalet isolé des environs, il repère le manège dégueulasse de passeurs qui entreposent et maltraitent une poignée de migrants, dont des enfants, sans doute utilisés comme esclaves. Il observe à distance et il tourne les talons. Ce ne sont pas ses affaires et il n’est pas particulièrement imprégné d’humanisme. De retour chez lui, il a de la visite. Son employeur, Barbara, l’attend confortablement dans un fauteuil. Elle lui confie un nouveau contrat. Un simple notaire de Nîmes, a priori sans histoire. Denis ne pose pas de questions. Il part aussitôt en repérages dans le Gard. Il se mue alors en touriste qui fait de (faux) selfies. Ça lui semble facile. Il aura juste besoin d’une moto avec fausses plaques. Avant de passer à l’acte, il repasse par chez lui. Il y a des traces de pas dans la neige. La vitre d’une fenêtre a été brisée. Quelqu’un a pénétré chez lui. Denis sort son flingue et inspecte pièce par pièce, jusqu’à sa chambre. Quelqu’un se cache sous les draps de son lit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un premier cycle de trois tomes, musclé et cynique, nous donnait à suivre Denis dans ses nouvelles attributions de fonctionnaire exécuteur. Car « certaines affaires [d’état] sont trop sensibles […] pour que le grand-public en prenne connaissance ». Certaines situations « demandent des réponses plus rapides et fermes que la lente et poussive procédure judiciaire. Il ne s’agit pas de justice expéditive, mais de tuer dans l’œuf des dérives avant qu’elles ne soient hors de contrôle ». Le scénariste Matz ne change pas d’un iota sa méthode. Tandis que le tueur est en repérage ou en contrat, la voix off de ses pensées laisse divaguer dans des encadrés narratifs ses réflexions désabusées, cyniques et péremptoires sur la condition humaine. Le précédent cycle se situait dans la suite logique et parfaitement raccord avec la série Le tueur, dont on attend l’adaptation ciné fin 2022 (ou début 2023) par David Fincher (avec Michaël Fassbender dans le rôle-titre). Avec ce 4ème volet de Le tueur affaires d’Etat, s’ouvre donc un nouveau cycle. On note alors un changement de cadre radical : après la mer, la montagne. Ce qui offre au dessinateur Luc Jacamon l'occasion de dessiner de jolis paysages hivernaux. Pour l’heure, c’est classique et sage : le tueur exécute sans poser de question des contrats relativement basiques, en province. A priori, sa cible est une nouvelle fois la corruption et les abus de pouvoir… mais un double propos s’ouvre à lui, avec la présence à proximité d’un repère de passeurs esclavagistes pour des migrants. Denis va-t-il donc être contrait de s’humaniser ? Vous le saurez (sans doute) dans le prochain épisode de ce second cycle…
