L'histoire :
Dans la seconde moitié du XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIV, deux caravelles françaises voguent non loin de l’île Mauritius, à destination de la France. Mais après une nuit d’orage, l’un des deux bâtiments a disparu. Encore un coup des pirates ! Quand la nouvelle arrive à Versailles, Colbert enrage : ces exactions mettent à mal tous les efforts de la France pour établir des relations diplomatiques avec le royaume du Siam et développer son commerce extérieur ! Il contacte aussitôt un bien curieux espion, l’abbé Choisy, qui n’aime rien tant que se grimer en femme. Pour cette mission qui consiste à comprendre par quelles manigances des navires français peuvent disparaître dans l’océan indien, Choisy recrute quant à lui son ami Loïs Lorcey, officiellement artiste peintre mandaté pour garnir la galerie du roi de croquis d’oiseaux exotiques. Ils partent de Brest 3 semaines plus tard, en compagnie d’un ambassadeur de France, à bord de la caravelle l’Oiseau et de sa frégate la Maligne. Après sept mois de traversée, l’Oiseau arrive au Siam, sans la Maligne qui a disparu. Ils sont accueillis en grande pompe par une délégation du roi Phra Naraï, qui les convoie sur moult pirogues dorées jusqu’à Ayutthaya, au palais du ministre des affaires étrangères siamois, Paulkhon. Durant ce long parcours, Loïs se fait remarquer en sauvant un méprisable rameur de la mâchoire d’un crocodile… et s’attire ainsi les foudres de l’ambassadeur français. Il est mis au cachot dès son arrivée pour insubordination…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi les nombreux univers créés par Jacques Martin, Loïs Lorcey est l’alter-ego d’Alix, Lefranc, Orion et autre Jhen, mais sous le règne de Louis XIV. Officiellement artiste-peintre, ce jeune héros sert surtout d’agent-secret au Roi Soleil. Cette fois, Loïs accompagne un autre espion, le curé Choisy, jusqu’au royaume du Siam (actuelle Thaïlande). Il s’agit pour eux d’y démanteler le réseau de piraterie qui pourrit le développement commercial français avec l’Asie. Ils suspectent en effet quelque traîtrise en leur rang, alliée à des complicités locales en haut lieu. C’est l’occasion pour le jeune homme de se frotter aux dangers de la jungle (attaque de tigre, de crocodile, d’indigènes cannibales…), d’essuyer les faux-semblants de la diplomatie et… de vivre une idylle avec la fille du roi (tant qu’à faire !). Jouant sur plusieurs tableaux, l’intrigue est donc dense et riche en informations historiques sur les mœurs royales du Siam… à défaut d’être pleinement limpide. Notons sur ce plan que le scénariste Pierre Valmour prend le relai de Patrick Weber, qui s’était occupé des tomes 3-4-5. Le travail de Valmour n’est pas tant en cause, que la sacro-sainte manière de narrer « à l’ancienne ». Chère à l’organe interne de Casterman en charge de pérenniser l’œuvre de Jacques Martin, cette manière de faire pèse toujours sur la fluidité épique et l’empathie accordée aux personnages. Mais ne nous plaignons pas : cette série est sans doute l’une des plus constantes de toutes. La présence renouvelée du dessinateur Olivier Pâques, y est sans doute pour beaucoup. Ses automatismes s’appuient sur un trait fin classique et régulier, travaillé et documenté, parfaitement en phase avec la nature de la série.