L'histoire :
Monarque soleil et absolu, le roi Louis XIV aime à représenter des spectacles où il excelle. Au soir d'une superbe journée, en son palais de Marly, il convoque secrètement le jeune lieutenant Lorcey et son compagnon Arthur de Reix afin de les charger d'une ambassade. A peine revenus des Amériques, ils doivent gagner au plus vite la Suède. La sécurité de l'Etat exige de ménager une alliance contre la possible réunion des Provinces-Unies à l'Angleterre. Dotés chacun d'une épée et d'un ceinturon recelant diamants et louis d'or, il leur faut remettre au souverain nordique l'un des deux médaillons reçus. Mais la Jehanne sur laquelle ils ont embarqué, est naufragée au large des côtes hollandaises et sur la plage, une jeune et menaçante guerrière attend les survivants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On lit cette seconde aventure du dernier né de Jacques Martin comme on apprécie une nature morte. L'artiste Olivier Pâques a composé son tableau à la manière d'un Rembrandt dont il est justement question. En fond de toile, la France de Louis XIV (fin XVIIe) est isolée dans le concert des nations européennes : les louis d'or distribués et le détail du bronze de feu Louis XIII offert au stadhouder d'Orange, prétendant à l'union dynastique des trônes britannique et hollandais, soulignent cette touche d'arrogance versaillaise. Les terres d'Amérique dont revient Loïs, ne sont encore qu'une esquisse et les trêves à peine encrées d'une diplomatie secrète peinent à estomper les couleurs d'une guerre endémique. Néanmoins, les maîtres de ce que l'on appelle alors les Provinces-Unies, font école depuis l'emploi de la peinture à l'huile à la Renaissance. Et l'eau des canaux alimente déjà moulins et bassins des jardins au second plan. Le premier fait donc admirer une ordonnance scrupuleuse des tons de l'Histoire. A l'instar de la coupe amirale du Soleil royal, le chef d'oeuvre contemplé expose, mais sans les transfigurer, les traits classiques et figés d'une nature morte.
