L'histoire :
Tout autant pour son humilité que pour les investigations spéciales qu’il mène avec succès, le jeune Loïs Lorcey est apprécié à la cour du Roi Soleil. Louis XIV le convie même ce jour-là à participer à une chasse à courre en son domaine de Marly. On lui propose d’accompagner soit le grand dauphin dans sa chasse au loup, soit Mlle de Blois, une autre fille officialisée du Roi, et son amie Mlle des Œillets, pour une promenade en calèche. Loïs choisit les gentes dames… et le regrette aussitôt, tant les deux femmes sont pestes. Cependant, un concours de circonstance l’amène à abandonner la calèche, sur ordre de Mlle de Blois, pour aller aider le dauphin en délicate situation face aux loups. Quand il revient, Loïs découvre le drame : Mlle de Blois a été brutalement enlevée, le cocher a été tué et Mlle des Œillets est bâillonnée et ligotée. Les coupables sont de mystérieux hommes masqués. Un message a aussi été laissé à l’attention de Roi : le Grand Maître Justicier de l’Ordre de l’Archange signale vouloir libérer la sainte France du grand fornicateur et de ses bâtards. Sur ordre de Louvois, ministre de la guerre, Loïs se met aussitôt à enquêter, avec ordre de rester discret sur cette gravissime affaire d’état. Bientôt, une demande de rançon est formulée : 100 000 louis d’or !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deux ans après le précédent opus, revoilà Loïs, espion non officiel du Roi Louis XIV inventé par feu Jacques Martin, pour déjouer un complot à hautes tensions sur la scène politique intérieure et extérieure française. En 46 planches, celle-ci le mènera du château de Marly jusqu’au Mont Saint Michel, en passant par Versailles et les crayères normandes. Comme d’habitude, l’immersion dans l’époque est érudite : moult représentants de la noblesse défilent sous la monarchie absolue, des termes savants sont employés (les marionnettes burattinis, les pèlerins miquelots…) et les comportements sociaux, souvent infâmes dans « la haute », sont respectés. Le dessin d’Olivier Pâques oscille quant à lui entre la belle reconstitution historique, lors des séquences de palabres – architectures, mobiliers, costumes sont chiadés et semblent d’une authenticité historique notable – et les plus grandes difficultés à rendre les visages gracieux ou du moins reconnaissables. De fait, il est cahotant d’essayer de se laisser porter par le souffle romanesque de l’Histoire. Pour le reste, l’intrigue politique mise au point par Pierre Valmour est plutôt cohérente, malgré quelques séquences rocambolesques, assimilant les premières tensions de l’époque contre la royauté au minimum de suspens inhérent à tout bon thriller. Le scénariste ne se prive pas de quelques surprenants jeux de mots, détachés de l’intrigue, à travers les dialogues (« ma dague a eu raison de ce dogue » « le mont Saint Michel est un cap, que dis-je, une péninsule »… une réplique qu’Edmond Rostand attribuera à son Cyrano deux siècles plus tard).