L'histoire de la série :
Albertus M’Natogo, alias Al’Togo, est un jeune flic noir au passé tragique. Parisien d’origine, il travaille désormais au siège de l’Europolice, un organisme de lutte contre la criminalité transfrontalière européenne, au sein de l’unité opérationnelle n°6, à Bruxelles.
L'histoire :
Al’Togo fait un aller-retour éclair sur Paris, le temps de rendre visite à son frère hospitalisé dans le coma… sans en avertir sa femme. Le hasard, cruel, fait passer cette dernière sur le parking de l’hôpital, au moment où Judith, la collègue sexy qui a accompagné Al, embrasse inopinément ce dernier sur la bouche. Tandis qu’Aurélia, choquée, emboutit une ambulance, Al et Judith reçoivent un même SMS bizarre, qui résonne comme un signal urgent de rapatriement pour eux, vers la métropole belge. En effet, dans toute l’Europe, des activistes terroristes frappent les médias sur toutes leurs facettes : kiosques à journaux vandalisés au Portugal, interventions musclées sur un plateau télé anglais, attentat à la bombe dans une grosse imprimerie espagnole, présentateur télé lituanien assassiné… La revendication globale a une connotation soi-disant philosophique : il s’agit de dénoncer les dérives du quatrième pouvoir (celui des médias), véritable source d’influence politique sur les masses. A chaque fois, des SMS sont envoyés aux sympathisants pour déclencher les actions. Puerez, le hacker de l’unité opérationnelle d’Al’Togo, parvient à identifier le point d’origine des messages : la Grèce. La bande de jeunes flics s’envole alors aussitôt pour Athènes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parce qu’il réagit comme le commun des mortels, avec un (léger) mélange de mauvaise foi et d’égoïsme, le personnage d’Al’Togo est à la fois attachant et crédible. Notamment, dans ce 4e opus, il n’avoue pas à sa femme, et encore moins à lui-même, le malaise de son couple… Il fait passer ses problèmes persos avant ceux du groupe et embrouille son entourage, ce qui va à l’encontre de l’archétype du héros vertueux. En marge du changement de logo et de principe visuel de couverture, nous retrouvons donc agréablement les fondamentaux de la série, associés cette fois à une intrigue relativement inédite. Cela surprend au début : des SMS tombent comme des cheveux sur la soupe… d’étranges actions populaires ont lieu… Al’Togo fait des allers-retours pas très pragmatiques… une histoire de couple pour parasiter le tout… On ne voit pas très bien où Jean-David Morvan veut nous emmener, mais cela titille singulièrement notre curiosité. Heureusement, le scénariste fécond sait y faire. Morvan embrasse alors deux thématiques qui lui sont chères : l’activisme politique et le pouvoir des médias (cf. Sillage, Guerres civiles, Reality show…). Assez logiquement, il situe l’origine de l’affaire en Grèce, berceau de la philosophie et de la « pensée politique », et se préserve bien de conclure par un quelconque dénouement moralisateur (soit anti philosophique). Crise de civilisation, réflexions philosophiques, suspens et action… Décidément cet épisode d’Al’Togo est complet. D’ailleurs, le dessin de Sylvain Savoïa, modèle de lisibilité réaliste, s’inscrit une nouvelle fois dans un découpage très dense. Plein de cases, plein de détails, parfois plein de petites bulles… Etonnamment, la couverture n’illustre que la toute dernière planche de l’album, qui n’a rien à voir avec le cœur du propos. Le cliffhanger nous abandonne en effet en plein suspens, à suivre sur le tome 5…