L'histoire :
Flynn est mort par l’épée de son ennemi juré, le diabolique Morkam. Mort par traîtrise et laissant Emilio à la tête d’un somptueux héritage, que ce dernier souhaite d’abord utiliser pour se venger. En attendant de provoquer en duel ce vil flibustier qui se remet d’une profonde blessure, il pourra compter sur les bons conseils du maître d’arme de son ancien protecteur. Il pourra aussi se rafraîchir dans l’eau azur de l’océan, sous les yeux de Raffy et Maria qui n’en finissent pas de s’aimer passionnément. Profitent-ils cependant de leurs derniers instants de quiétude amoureuse ? Car dans l’ombre, l’ancienne maîtresse de Raffy, ivre de jalousie, tisse sa vengeance : elle envoie plusieurs lettres anonymes à l’époux de Maria pour qu’il soit informé de la relation adultère. Et pendant que Puerto Blanco use les cœurs, de La Loya, à la tête des galions affrétés par le Roi d’Espagne pour qu’il puisse régler ses comptes, fait halte sur un étrange îlot. Un morceau de terre humide sur lequel s’est réfugiée une communauté de lépreux. De La Loya n’est pas là par hasard. Il a appris qu’un membre de l’équipage du Barracuda s’y était réfugié. Il veut l’entendre pour connaître ce qu’il est advenu de Blackdog et de sa recherche du fameux diamant...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On le savait : c’est sur une île des Caraïbes et les pieds bien sur terres que Jean Dufaux voulait principalement mener son affaire de pirateries. L’angle choisi : les destins croisés de trois gamins restés par la force des choses à Puerto Blanco – « la mal-nommée car tout y est noir, de l’âme de ses habitants aux chicots branlants de ses putains». Le tout est habilement suspendu à l’absence du charismatique Blackdog, parti chasser le plus gros diamant du monde sur le Barracuda. Devinant notre impatience de savoir ce qui a bien pu advenir de ce chien noir-là, Dufaux rassasie ici parcimonieusement notre appétit : le balafré à trouvé son diamant (où ? comment ?). Et si la folie le laisse un peu en paix, il devrait bientôt voir les rivages de Puerto Blanco. Idem pour le revanchard De La Loya, pressé de faire retentir le son des canons de ses deux galions au large de cette même île. Cependant, ces juteux appâts ne servent pour l’heure qu’à préparer un prochain mouvement qui sent la succulente confrontation… Pour ce 3éme opus, c’est en effet une fois encore la force romanesque rondement mitonnée qui emporte avant tout le récit : du charisme tous azimuts, des psychologies brossées avec brio, des destinés qui se croisent et s’entrelacent savoureusement, des lames qui s’usent joliment dans un fracas violent se jouant des bonnes fortunes et de leur revers… Bref, de la passion et le tourbillon de ses aléas décuplés par cet univers à cicatrices et jambes de bois. Voilà qui est terriblement bien fait, en prenant soin de ne jamais complètement fermer les pistes, tout en en ouvrant de nouvelles. Quid, par exemple, de la destinée de la Gouverneure ou de celle de Raffy et Maria ? Haletant, captivant, même si pour l’instant, on ne baigne pas dans une intrigue « pure piraterie ». Et puis aussi complètement sous le délicieux joug de Jérémy, dont l’élégance du trait n’a pas son pareil pour asseoir le charme diabolique de l’univers proposé. Un bon et revigorant moment.