L'histoire :
Au XVIIe siècle, un galion espagnol est soudain attaqué par un vaisseau pirate, et l'un des pus terribles : le Barracuda. A son bord, le balafré capitaine Blackdog harangue ses hommes : pas de quartier – excepté pour les femmes, car les plus belles seront revendues plus tard sur le marché aux esclaves. Les canons pirates ne laissent aucune chance aux flans du navire. L'abordage est sanglant. Blackdog, en tête, un sabre dans chaque main, se déchaine. Un homme résiste, le chevalier de La Loya, jusqu'à être le dernier combattant. Par orgueil, Blackdog accepte que son jeune fils Raffy l'achève, à la loyale. Mais le chevalier a le dessus et négocie sa vie contre celle du gamin. De La Loya sera abandonné vivant sur une barque avec des vivres. Dans les appartements, les pirates découvrent une dame de la haute, Dona Emilia Sanchez del Scuebo, accompagnée de sa fille Maria, d'un moine et d'un jeune serviteur, Emilio... grimé en fille, pour être épargné. Tous quatre sont transbordés à bord du Barracuda, qui fait ensuite route vers l'île de Puerto Blanco. En voyant le navire arriver au port, quelques semaines plus tard, Ferrango, le marchand d'esclaves, se frotte les mains. La jeune gouverneure locale également, qui va pouvoir réclamer 18 mois de dîme due par le pirate. Le soir même, une sordide vente aux enchères rassemble la foule et les montants battent des records. Certains s'étonnent de ne pas y voir Blackdog... C'est que le pirate prépare déjà son prochain voyage, en quête d'un diamant de légende...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tant pis si la profusion d'ouvrages traitant de la piraterie le fait passer pour un surfer de modes : Jean Dufaux a toujours eu envie de se frotter au genre de la flibusterie. Il aurait d'ailleurs eu bien tord de s'en priver, étant donné qu'il a aujourd'hui l'occasion de le faire aux côtés du jeune Jérémy, jusqu'alors coloriste de Philippe Delaby sur Murena. Dans les pas de son mentor, le dessin ultra-réaliste de Jérémy est tout aussi travaillé et élégant, aussi sublime pour le cadre exotique que pour camper des tronches patibulaires aux pirates. Pour se démarquer la masse, tablant sur des dialogues (comme toujours) soignés, Dufaux narre un récit se déroulant majoritairement à terre, exception faite de l'abordage sanglant d'introduction – où un hommage est fait au Trésor de Rackham le rouge, à travers la scène du capitaine déchainé. A la suite d'un jeune héros androgine (Emilio), l'intrigue centrale de ce premier tome s'articule essentiellement autour de la vente aux enchères des prisonnières de Blackdog, en tant qu'esclaves, sur l'île-refuge des pirates, Puerto Blanco. Mais le terrible capitaine, dont l'inquiétant faciès balafré offre une superbe couverture, se lance aussitôt dans un passage obligé du registre : une chasse au trésor. L'objet de toutes les convoitises, qui devrait nourrir les deux prochains tomes prévus, est le plus gros diamant du monde, le Kashar. Nombreux, les personnages offrent un large potentiel de rebondissements à venir : Blackdog en tête, le revanchard Raffy, la jeune Maria martyrisée, le mystérieux Flynn (un hommage franc à l'acteur qui fit rêver Dufaux)... sans compter le chevalier de La Loya qui a lui aussi toutes les chances de revenir dans la partie. A l'abordage !