L'histoire :
Parti avec son équipage à la recherche du fabuleux diamant du Kashar, Blackdog et son Barracuda n’ont pas refait surface au large de Puerto Blanco depuis plus de 3 ans. Entre temps, son fils Raffy – resté sur l’île malgré lui – est devenu passionnément amoureux de Maria, celle qu’il avait pourtant vendue comme esclave au vil Ferrango. Emilio est quant à lui tombé dans les bras de Flynn, un aventurier qui, après avoir péri dans un duel, lui a laissé sa fortune. Emilio l’a vengé en prenant malicieusement la vie du terrible Morkam. Tous ont été ainsi pris dans le tourbillon des passions, au rythme des ambitions des uns ou des vengeances pour un temps étouffées des autres. Et puis les choses ont commencé à basculer. D’abord, Fine Flamme, une prostituée éperdument éprise de Raffy, l’a trahi en révélant à Ferrango la relation adultérine que Maria entretenait avec lui. Ensuite, la même Fine Flamme s’est décidée à faire chanter la Gouverneure pour s’asseoir dans son fauteuil. Elle l’a ainsi empêché de sauver la peau de Raffy, condamné à mourir par Ferrango. Enfin, le capitaine de La Loya envoyé par le Roi d’Espagne en personne avec deux galions surarmés, s’approchent dangereusement de Puerto Blanco. Son double objectif : ramener Maria en Espagne et récupérer le fameux diamant. Et pour cette seconde mission, on lui a adjoint les services d’un étrange personnage : Frère Esteban, devenu aveugle à cause de la malédiction du diamant du Kashar et prêt à employer les méthodes les plus abominables pour le retrouver. Au moment où La Loya s’apprête à faire retentir le bruit de ses canons, Raffy, sous l’initiative de Ferrango, est en bien mauvaise posture. Le voilà en effet gavé de 12 pichets de rhum, les yeux bandés et contraint de traverser, sur une maigre planche, une immense cuve dans laquelle s’ébattent gentiment deux requins affamés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si ces deux coquins d’auteurs cherchaient à nous couper le souffle aussi bien que leurs personnages tranchent les crânes à coups de sabres effilés, c’est parfaitement réussi ! Ce quatrième volet force en effet la cadence pour faire du récit un véritable petit bijou d’action poussé par ce joli souffle épique – à tendance romanesque et violent – qui manque bien souvent aux scénarii d’aventures. Jean Dufaux parvient ainsi à livrer un véritable épisode de piraterie, quand bien même il continue de proposer à ses personnages de jouer la partie sur la terre ferme de Puerto Blanco. Diablement habile, ce nouvel opus tire dans tous les coins. Attaques espagnoles, changement de gouverneur, baignade avec requins affamés, révolte d’esclaves, fuites, courses-poursuites, tortures et prisons… Tout est malicieusement rythmé par des rebondissements pour nous chahuter de la première à la dernière gorgée de rhum. D’autant que l’ensemble continue de faire agir un panel de protagonistes impeccablement ciselés et totalement pris dans le tourbillon des événements, des passions, des vengeances et de cette inextinguible soif de pouvoir ou d’ambition. Avec en prime l’envoûtante partie (et l’indispensable ressort fantastique qui agite nombre de récits de pirateries) que semble jouer à distance ce fameux diamant. Il faudra donc que Raffy, Maria, Emilio et leurs complices la jouent fine une dernière fois pour attendre un nouveau basculement dont Blackdog et son Barracuda pourraient bien être les prochains pourvoyeurs… En attendant, outre ce captivant récit, on se régalera de l’excellente prestation de Jérémy. Cadrages, couleurs, choix de la mise en scène, exigence du détail, rayonnement du mouvement et surtout incroyable « esthétisme » de la violence… Tout est calé avec envie et précision pour donner graphiquement une indéniable valeur ajoutée à la série.