L'histoire :
Sur les traces de son aïeul, Kim poursuit sa quête : un trésor en forme de perle noire qui, jadis, a transformé Jade en la déesse Anaktu… Ayant mal négocié la descente d’un rapide sur un fleuve impétueux, l’équipage qui conduit Kim échoue au cœur de la jungle. Le hasard ou plutôt le destin, la plonge alors dans le plus cruel des cauchemars : elle retrouve l’arbre sur lequel Lady Nelson, la maitresse de Jade, a autrefois été sacrifiée par le roi Kavi Mobo… A l’époque, il démontre ainsi sa puissance en se parant d’un vêtement maculé du sang d’une femme blanche, symbole de l’envahisseur européen qu’il souhaite éradiquer. Pour reprendre aux blancs les terres ancestrales qui appartiennent aux siens, le seigneur doit s’unir charnellement et politiquement à Anaktu. Mais plus que tout, il lui faut la puissance des perles noires qui ornent l’envoûtant visage de cette nouvelle divine incarnation… Charles Augery, quant à lui, détient l’une des deux perles : il l’a volée et, depuis, fuit sans se retourner. Le hasard ou plutôt le destin, le conduit auprès de ses compatriotes qui ont fort à faire contre la révolte de plusieurs tribus. Pour confiner la rébellion, ils ont déporté des centaines d’autochtones dans des campements insalubres. C’est dans un de ces baraquements que Charles retrouve Ebony. En souvenir d’un baiser langoureux, il lui offre une jolie perle noire… Hasard ou destin ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis le début de la série Djinn, Jean Dufaux a choisi d’entremêler présent et passé pour mieux entretenir la confusion. Un trouble, que la puissance érotique du dessin d’Ana Miralles renforce de la plus belle des façons. Si le cycle « ottoman » utilisait le corps comme un objet manipulé de la plus jolie manière, le parcours « africain » fait de lui un manipulateur. La femme y reprend sa vraie place, par l’entremise de Jade qui, dans cet opus, semble vouloir saisir son destin à pleines mains. Malgré un séquençage complexe qui joue avec les époques et les personnages, le récit de Jean Dufaux est incroyablement fluide, permettant au lecteur d’avancer sans difficulté. Et si le merveilleux scénariste avait joué avec nos nerfs dans les opus précédents, nous laissant dans la bouche un goût d’inachevé, il relance admirablement la machine en exploitant toutes les pistes. Le prochain et dernier opus devrait somptueusement clore ce cycle. Le trait d’Ana Miralles nous fait à nouveau frémir : il est au diapason des émotions du récit. Le couleur est chaleur, la plume est brutalité, trempée dans la folie meurtrière ou effleurant les corps qui s’enchevêtrent puis se défont. Une magnifique leçon d’érotisme cru, animal qui envoûte définitivement. On pourrait à ce titre uniquement se contenter de la couverture, un petit bijou de perfection… pour les yeux évidemment.