L'histoire :
Kim Nelson s’est aventurée en terre africaine pour suivre le parcours de son aïeule, Jade, l’envoutante Djinn devenue Anaktu sur ce continent. Mais elle court aussi après un joyau : une perle noire qui, jadis, constituait l’un des éléments du pouvoir magique de la déesse. Ce bijou lui permettrait d’accéder à un important trésor. D’aventures en découvertes, Kim paie le prix de sa curiosité lorsqu’en interrogeant un vieux sage sur le destin de son aïeule, elle perd la vue. Pourtant, peu inquiète de son sort, elle poursuit son périple et, par magie du temps ou grâce à sa nouvelle « vue », elle rencontre sur les bords du fleuve son aïeule revêtue de somptueuses parures… Jade, alias Anaktu, sur le pont qui enjambe le fleuve, est en pleine négociation de paix : elle promet au gouverneur de la colonie l’arrêt de la révolte des tribus noires, en échange de la libération des prisonniers et de la création d’une nouvelle frontière. Mais si sa proposition est rapidement acceptée, Jade comprend qu’elle n’aura pas éternellement l’ascendant sur les tribus : elle reste à jamais une étrangère, même si elle incarne encore la déesse Anaktu. Elle choisit alors de plonger au cœur de la jungle pour approcher le légendaire Roi Gorille, celui qu’aucun blanc n’a jamais approché. Le vieux singe accepte de la rencontrer. On peut penser qu’il l’attendait impatiemment : seul et au crépuscule de sa vie, il propose à Jade de s’unir à lui pour perpétuer sa race. La belle Djinn accepte l’alliance qui fait d’elle une reine immortelle et protège, ainsi à jamais, les tribus dont elle est responsable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Choisissant de prendre le contre-pied du schéma narratif qu’il avait utilisé depuis l’ouverture de ce cycle africain, Jean Dufaux scinde ce dénouement en deux parties. En effet, plutôt qu’alterner toutes les 3 ou 4 planches les époques (colonialisme flamboyant/époque contemporaine) et les personnages (Jade/Kim), il préfère nous laisser suivre séparément la conclusion des destinées africaines de Kim et de son aïeule. La première moitié consacrée à Jade, dans laquelle le légendaire Roi Gorille lui procure l’immortalité (pas une vraie de vraie non plus !), remplit la fonction fantastique. Elle perpétue ainsi l’envoutement de la série, jouant parfaitement avec les codes inhérents aux contes et légendes nimbés d’un érotisme, bien que moins hypnotique que sur l’opus précédent, néanmoins subtil. La seconde partie s’ancre plus nettement dans la réalité, en offrant, un peu trop rapidement d’ailleurs, une conclusion très classique au périple de Kim. On aurait aimé que le talent de Dufaux usine à plein régime pour un final riche en découvertes ou surprises et surtout qu’il soit moins vite expédié. L’excellent dessin d’Ana Miralles procure une nouvelle fois un indéniable plaisir. Il se veut, peut être, moins virtuose que sur le chapitre précédent. Le découpage du récit, s’il simplifie la lecture et rive plus qu’à son habitude le propos dans la réalité, empêche vraisemblablement le trait de s’emplir du mystère et de la poésie qui avaient fait tout son charme. Loin de vouloir nous laisser orphelins de ces Djinns qui nous accompagnent depuis 9 albums, les auteurs nous donnent rendez-vous pour un troisième cycle indien : on ne demande pas mieux !