L'histoire :
Lors des émeutes populaires qui ont secoué Los Angeles, Ian, le robot humanoïde le plus perfectionné qui n’ait jamais été inventé, a eu une véritable crise de démence. Il a en effet été agressé par une horde déchaînée de rebelles anti-robots. Il a eu à ce moment précis une sorte de vision, lors de laquelle un être surnaturel qui se fait appeler « le Nôme » lui a insufflé un sursaut incroyable d’énergie meurtrière. Hors de lui, il a alors tué à mains nues 15 de ses agresseurs, avec une précision et une efficacité glaçantes. Aujourd’hui, alors qu’il demeure introuvable, ses camarades des SRS (Special Rescue Section) sont convoqués au Pentagone. Un étonnamment jeune général leur explicite clairement la raison pour laquelle il faut retrouver Ian et l’arrêter… pour le détruire. En effet, la crise de démence de l’androïde ne lui pas seulement permis de tuer ses assaillants. Elle a également déclanchée à distance, de manière autonome, une riposte automatique de drones militaires LW3, causant plus d’un millier de morts. Les deux concepteurs de Ian refusent bien entendu de participer à la curie. Ses collègues des SRS pensent avant tout à la raison d’état et acceptent de collaborer. Ils ignorent qu’au même moment, pris d’une véritable crise existentielle, Ian vient de tenter de se suicider, en se jetant du plus haut building de la ville…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers le personnage subtil Ian, Fabien Vehlmann scénarise une série intelligente et efficace, aux nombreuses lectures. D’une part, le contexte social de cette société d’anticipation est cohérent : la contestation est vive à l’encontre de l’utilisation galopante des robots – réputés infaillibles – dans la plupart des jobs, qui prive les humains de leurs emplois. D’autre part, Ian se révèle un héros de plus en plus attachant, paradoxalement le plus « humain » de tous les protagonistes. Il est indéniablement plus humain car il a été avant tout programmé pour cela, de manière infaillible. Se déshumaniserait-on en devenant justement trop humain ? Ian a-t-il une âme ? Quelle est l’origine exacte de ses visions ? Qu’est-ce que le Nôme ? A travers ces questions, trouvant leur source au cœur d’une intelligence artificielle, Vehlmann aborde de manière détournée nos propres contradictions, nos propres troubles métaphysiques et spirituels. Ne sommes-nous pas nous aussi des êtres complexes, faits de tuyaux et de connections, tendant à une démarche de souveraineté intellectuelle et de maturité existentielle ? Enfin, les auteurs orchestrent tout cela de manière impeccable. C’est limpide, idéalement rythmé, dialogué et mis en scène, et pour couronner le tout, mis en image par un superbe dessin réaliste en couleurs directes de Ralph Meyer. Album après album, les auteurs vont plus loin que la simple accumulation d’aventures futuristes. Au terme de ce troisième épisode, la série a pris une sacrée maturité, et la destiné de Ian est on ne peut plus ouverte et alléchante. Pour toutes ces raisons (et tant d’autres !), Ian est sans doute l’une des meilleures séries sur le thème des IA, voire carrément l’une des meilleures du moment. Tout simplement.