L'histoire :
Au cœur du XXIe siècle, Ian est un robot humanoïde pourvu de l’intelligence artificielle la plus aboutie qui soit. Créé par deux savants pour le compte du Pentagone, il est formé au sein d’une unité d’intervention d’élite et prouve durant quelques mois ses étonnantes facultés humaines et guerrières… avant que le Pentagone ne décide de le mettre hors fonctions. Pour les militaires, son autonomie de décisions et sa puissance de calcul sont devenues dangereuses. Car en effet, lors de sa mise au point, Ian a été radio-connecté secrètement aux supercalculateurs de la NSA, officiellement pour mieux mesurer son évolution. Or les scientifiques ont sous-estimé sa capacité neuronale à remonter le réseau et à coloniser l’intranet et les supercalculateurs du Pentagone… de manière « inconsciente ». En fuite depuis plus d’un an, il fait l’objet de traques régulières de mercenaires au service du Pentagone. Le dernier en date est équipé d’un exosquelette et d’un armement de pointe, mais d’origine étrangère pour éviter d’être altérés à distance par le cerveau de Ian. Après avoir réussi à mettre HS cet énième ennemi dans le bayou, Ian décide de réagir. Avec l’aide d’une journaliste, il compte rencontrer Swainston, un milliardaire gourou des mondes virtuels, qui semble avoir les clés de l’origine du « Nôme », cette entité qui apparaît parfois mystérieusement à Ian…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quatrième tome de cette série de SF ambitieuse, Metanoïa est sans doute également le plus abouti. Au scénario, Fabien Vehlmann s’impose définitivement comme le meilleur scénariste de BD franco-belge depuis la grande époque Jean Van Hamme. Usant une nouvelle fois de toute l’habileté narrative qu’on lui connait, Vehlmann aborde pourtant un sujet délicat, tant la thématique de l’intelligence artificielle, ainsi que les nombreuses questions métaphysiques et éthiques qu’elle trimbale, est usitée dans la science-fiction. Ici, non seulement l’intrigue est menée tambour-battant, les dialogues sont soignés et la psychologie des personnages ciselée, mais les sujets abordés sont captivants : interfaces homme-machine, capacité d’autodestruction humaine, quête de la paix universelle, définition de l’âme et surtout – petite nouveauté – apparition de la notion d’« inconscient » artificiel. Car Vehlmann comble également toutes les zones d’ombres, de manière logique et implacable, avant de livrer une fin en apothéose. En outre, tout cela bénéficie du dessin réaliste de Ralph Meyer, léché, dynamique, précis, bref idoine à mettre en relief cette aventure d’anticipation cyberpunk. A noter, la toute dernière planche, scotchante, nous abandonne en plein suspens, augurant d’un prochain cycle qu’on espère du même acabit.