L'histoire :
Sur proposition de son pote Rudy, Mia s’échappe régulièrement de son lycée, en passant par un trou de la grille du parc, afin de suivre les séances de l’atelier cinéma du lycée voisin. Elle apprend ainsi à mettre des noms sur tout un tas de techniques essentielles comme les micros, les cadrages, les travellings... Elle se découvre une passion dévorante pour la réalisation de films, surtout les films d’horreur. Certes, elle joue toujours un peu aux jeux vidéos avec sa bande, mais cette activité devient secondaire. Cette fois, elle leur propose d’aller passer les vacances de Noël chez sa grand-mère, afin d’être réunis au calme pour réaliser un projet audiovisuel de 10-15 minutes. Dans son délire, elle embarque Zouzou, Gauthier et Louka. Mais aussi la cousine Agathe et la mamie dans des seconds rôles. Mia les mets en scène en train de se faire attaquer par une momie sortie d’un placard dans des volutes de fumée, en jouant avec des artifices bricolés pour rendre les effets (du faux sang à base de ketchup, des cigarettes pour la fumée...). Le résultat est plutôt sympa, bien qu’il n’y ait guère de scénario : Mia et ses copains filment des séquences sans liens entre eux, se concentrant uniquement sur l’effet visuel produit. Ils passent ainsi de supers vacances et rentrent à Amiens pour y filmer – de nuit, bien entendu – la séquence finale, dans laquelle la momie meurt à son tour. Ne lui reste plus qu’à passer de nombreuses heures devant son écran pour faire le montage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vanyda et Nicolas Hitori De apportent la pierre finale à leur chronique d’une transition adolescente. Dans le premier tome, leur héroïne Mia était une pré-ado qui n’était guère motivée par les études, en conflit avec ses parents, mais fusionnellement en phase avec sa bande de copains avec laquelle elle partageait de nombreuses heures à faire des jeux vidéos de baston. Dans ce troisième et dernier volet, elle est absorbée par sa nouvelle passion : le cinéma. Évidemment, ce sont les effets produits par les séquences d’horreur qui l’intéressent avant tout. Une grande partie de l’épisode montre donc cette équipe attachante en train de filmer des scènes amateurs avec une momie tueuse et du faux sang. Ce centre d’interêt dévorant est synonyme de maturité. Mais on guette aussi – à raison – le premier flirt tant attendu... La mue psychologique toute en douceur rassurera tout autant les jeunes lecteurs, que leurs parents inquiets par la place que prennent souvent les écrans – ou les futilités en général – dans le quotidien des milleniums. La plus value de cette trilogie se trouve véritablement dans cette subtile description d’une mutation sociale, d’une prise de conscience personnelle. On peut aussi comprendre que certains lecteurs passent à côté et abordent cette histoire comme une chronique lambda d’une vie adolescente « normale », sans rien de très spectaculaire, finalement. Le dessin « très manga » de Hitori De colle parfaitement aux désidératas du public-cible. Dynamique, stylisé, immersif au niveau du découpage et du rythme de mise en scène, juste sur le plan des postures et les looks, il se montre en revanche beaucoup plus flou au niveau des faciès, que l’on confond hélas trop souvent (Louka/Rudy, Agathe/Phœnix).