L'histoire :
Alors qu’il a fait flamber Rome, Néron essaie de retrouver ses esprits. Surtout, Lucius Murena lui manque, lui qui osait lui parler honnêtement et sans détour. Il a demandé à Tigellin de le retrouver. Dans les bas-fonds de Rome, Tigellin assiste à un combat de gladiateurs dans lequel l’Hydre, une jeune femme souple et rapide, se débarrasse facilement de deux hommes forts. Tigellin veut la racheter à Insanus le fou, son maître, mais celui-ci refuse. La jeune femme, elle-même, lui dit qu’elle ne céderait que devant César. Alors que le bossu se moque d’elle, elle le force pour pénitence à lécher sa lame encore pleine de sang. Il s’en va furieux, mais informe tout de même son maître qu’il a retrouvé Murena. Elle a été recueillie par la sœur de Pison, Lemuria, dans son lieu de villégiature à Baiae. Entourée de ses amies qui couvent Lucius d’un regard concupiscent, Lempira refuse de le partager et semble en être tombée amoureuse. Murena, lui, est drogué et a perdu la mémoire. Un soir, il s’évanouit dans la nature, hagard, et atterrit dans une orgie qui va lui permettre de repartir sur ses propres traces.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Trois ans après le retour de Murena sous les traits de crayons et pinceaux de Théo Caneshi (Le Pape Terrible), ce nouveau tome remet le romain en scène. Nous l’avions quitté en grande difficulté puisque laissé pour mort par le Besogneux, bossu et sbire de Tigellin de son état. Lucius avait été remis sur pied par la magnifique Lemuria. Magnifique mais un rien siphonnée, puisqu’elle drogue le jeune homme pour le garder dans son lit, sous un toit qui accueille la conspiration dont Néron croyait Murena l’instigateur, alors qu’elle est l’oeuvre d’un autre de ses proches, Pison, frère de Lemuria, qui se voit déjà calife à la place du calife (ou plutôt Auguste à la place du César). Voilà à nouveau Murena dans de sales draps, même s’il recouvre sa liberté. D’autant qu’une mystérieuse jeune femme, redoutable tueuse surnommée l’Hydre, cherche à entrer en contact avec Néron. Le scénariste Jean Dufaux est en grande forme. Son scénario est encore une fois alambiqué, les histoires se croisent : alors que l’Empire entier est à la recherche de son héros, il va rentrer tranquillement sur le Palatin. Amours – luxure plutôt – pouvoir, trahisons en cascades, les ingrédients d’un grand drame sont en place. C’est d’une grande efficacité, même si il faut parfois relire les récitatifs pour reconnaître le locuteur. Le séquençage est efficace et laisse à Caneshi la possibilité de démontrer tout son talent, en gros plan ou en plan large. Tout est précis, vivant, sensuel. Une nouvelle belle réussite pour ce Murena qui, lui, semble bien immortel.