L'histoire :
Dans une belle villa des environs de Rome, un groupe de mafieux tente de dissuader Dino Calaferte, un jeune prodige du foot jouant au plus haut niveau, d’épouser une albanaise issue de leurs réseaux de prostitution. Le gamin joue sa star et refuse effrontément… mais eux ne sont pas du genre à tergiverser. Ils lui injectent une pleine seringue de produit dopant, qui conduit rapidement à son overdose mortelle. C’est le moment que choisissent Giuseppe, son coach, et Madgid, un paparazzi qui sort avec la nièce de ce dernier, pour entrer dans la pièce. Pétrifié d’apercevoir son poulain mort, Dino est rapidement maîtrisé. Madgid, en retrait, a le temps de photographier précisément la scène et de s’enfuir. Cette preuve de meurtre suggestive en main, il se planque et appelle aussitôt à la rescousse son pote, le privé de la jet-set, Tony Corso. Vu l’ampleur de la menace, lui saura comment sortir de cette situation périlleuse. A Istanbul, Tony termine à ce moment une mission à hauts risques mais largement rétribuée, pour le compte d’une milliardaire amatrice d’archéologie : le vol d’un calice byzantin du Ve siècle, qui lui donne (un peu) de fil à retordre. Dans l’avion du retour, dès qu’il reçoit le texto de Madgid, Tony se fait déposer à Rome, une ville dont l’évocation l’ébranle intérieurement. En effet, il a du fuir la capitale italienne 30 ans plus tôt avec son père, suite à l’assassinat de sa mère, membre des brigades rouges. Après un détour ému au pied de sa maison d’enfance, il se rend au point de rendez-vous fixé par Madgid. Avant même de savoir de quoi il retourne, Tony se retrouve alors face à Karen Novacek, une tueuse avec qui il a déjà eu bien des mots…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une année de trêve, de nouveau à l’approche des beaux jours, Tony Corso re-pointe les fleurs de sa chemise hawaïenne. L’été dernier, Olivier Berlion a en effet offert à son détective tropézien de la jet-set, une petite pause, le temps d’une parenthèse néanmoins tout de même baignée de soleil, dans la Garrigue (polar en diptyque). De retour aux affaires, Tony Corso évolue cette fois dans le milieu du foot-business-mafieux italien, et renoue involontairement avec son passé. Toujours avec une belle maîtrise narrative, toujours au scénar et au dessin (les couleurs sont de Christian Favrelle), Berlion trouve le moyen d’orchestrer une intrigue originale parfaitement prenante et crédible, 54 planches ultra-rythmées, découpées aux petits oignons, tout en apportant énormément d’informations sur l’enfance et le caractère désabusé du héros… et tout en faisant avancer, de concert, sa relation sulfureuse avec sa belle ennemie personnelle, la tueuse Karen Novacek. Qui prend le pari qu’ils règleront prochainement leurs comptes au plumard, ces deux là ? En résonance avec ces incidences intimes, Tony balance moins de répliques cyniques et le ton de l’album est logiquement plus grave, plus sombre que les précédents. Peut-être juste, le dessin fortement encré a-t-il juste tendance à se stigmatiser (Berlion chercherait à passer la main sur la partition graphique). Ses planches fortement contrastées demeurent toutefois d’une excellente facture réaliste, impeccablement cadrées et proportionnées. A noter : en parallèle à la sortie de ce 5e opus, Dargaud publie une intégrale indispensable, au format poche, des 4 premières aventures.