L'histoire :
Equani, un guerrier Cherokee, a quitté son village, prenant la direction de l’ouest. Il a décidé de trouver l’origine du grand mal qui frappe les hommes de toutes les tribus alentours, mais aussi d’autres espèces comme les daims. Cette maladie prend la forme de marques noires qui courent sur la peau, jusqu’à la recouvrir complètement, et décime leurs peuples. Il a reçu l’aval du chef et du conseil de son clan, ainsi que l’accord divin d’Awi-Usdi, le dieu des daims. Mais il est jalousé par Asgina, un autre guerrier, qui veut profiter de cette mission pour le traquer avec ses hommes et l’assassiner. Excellent chasseur, Equani repère qu’il est pisté et il se doute des intentions de son ennemi. Il marque le coup en neutralisant et ligotant un de ses éclaireurs à un arbre, puis poursuit coûte que coûte sa mission, qui lui est prioritaire. Tandis qu’il traverse le territoire des ours, il lui est alors donné de rencontrer Yânû, l’impitoyable dieu des ours. En faisant preuve d’intégrité et de courage, Equani parvient à le convaincre du bien-fondé de sa démarche. Exceptionnellement, Yânû l’épargne et le laisse poursuivre sa mission, en le rejetant sans ménagement dans le fleuve. Blessé, inconscient, Equani se réveille attaché au poteau d’exécution d’un village ennemi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second épisode poursuit la quête initiatique d’un guerrier cherokee, à travers les larges et magnifiques panoramas de l’ouest américain. L’objectif du héros est d’une part de découvrir l’origine d’une étrange maladie, et de faire coup double pour rencontrer la femme qu’il voit en rêve, et qui donne son titre à la série, Washita. Au scénario, Séverine Gauthier, thésarde sur la souveraineté des nations amérindienne, connaît son sujet et sait où elle nous emmène. Du reste, l’aventure est parfaitement rythmée et plaisante, pour peu qu’on se laisse un minimum séduire par cette culture particulière, en cette ère encore préservée de l’homme blanc. La place prépondérante de la nature se révèle à travers les aspects mystiques (après le dieu des daims, on découvre le dieu des ours), qui relèvent d’une grande importance pour ces cultures. Mais aussi et surtout, par ses longs silences : le découpage délaisse une nouvelle fois au maximum l’utilisation des phylactères, pour s’appuyer énormément sur la « narration graphique » (dessin, cadrages et mise en scène) de Thomas Labourot, franchement parlante et séduisante. Le dessinateur s’étale à nouveau parfois sur deux pages, tout en largeur, comme pour renforcer l’effet cinémascope, et jongle prestement dans tous les registres du découpage des planches. En outre, son coup de crayon atypique est parfaitement raccord avec l’art Haïda des peuplades intéressées (les marques sur le corps, les peintures et totems). Ces atouts font de Washita une série atypique, prévue en 5 tomes, qui mérite le détour…