L'histoire :
Au cours de ses pérégrinations pour guider les habitants de la planète Mu-Dhara vers la liberté, Alef-Thau, l’élu de la prophétie, a été trahi par celle qu’il aime, Diamante. Abattu, il n’a plus le goûte de vivre et son désespoir transparait dans ses songes. Au réveil de l’un d’eux, il tente même de mettre fin à ses jours en se jetant du haut d’une falaise. Heureusement, un tapis de neige amortit sa chute. Soigné par ses proches, il veut savoir : si tout n’est qu’illusion, qu’est-ce qui est réel sur cette planète ? Il décide de poser cette question essentielle à l’arbre de la sagesse, quitte à perdre son deuxième œil : un œil, c’est le tribut demandé par cet arbre magique à chaque question. Après l’avoir rendu aveugle, l’arbre lui offre un voyage astral à double tiroir : son corps astral libère un autre corps astral, qui voyage dans l’éther jusqu’à une épée de cristal. L’arme qui parle, lui avoue être le seul être réel, niché au fin fond de la région de Hoor-Paar-Kraat, l’une des plus austères de Mu-Dhara. Alef-Thau doit donc trouver cette épée pour poursuivre sa destinée. Afin de lui rendre la vue, l’arbre lui demande en outre de lui rapporter deux rubis se trouvant à proximité de l’épée, qui sont ses yeux à lui. Alef-Thau part donc en aveugle, juste accompagné par deux lutins et son hamster géant Mirra…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Delcourt se sont lancées, tout au long de l’année 2010, dans une sorte d’entreprise de restauration du patrimoine bédéphile, à travers la réédition des 8 tomes d’une série emblématique des années 80 jodorowskyennes, Alef-Thau. Au cours de cette quête initiatique de fantasy et de science-fiction, le jeune homme-tronc regagne progressivement ses membres, en attendant de pouvoir offrir la liberté à son peuple. Il commence pourtant ce troisième opus au plus bas : il se hait, il se sent trahi et il rate même son suicide. Pour se remettre de cette petite dépression, il décide de perdre volontairement son deuxième œil (logique…). A défaut de glaner un membre, ce troisième volet lui permettra donc de regagner cet œil perdu et bien plus que ça : une jolie guerrière, piquée par un philtre d’amour, lui servira de guide d’aveugle. Enfin, si Alef-Thau se confronte effectivement à Diamante, l’ennemi Ner-Ramus est totalement absent de l’opus. Bref, comme toujours chez Jodo, l’aventure est complètement barrée : c’est ce qui fait son charme, certes un peu désuet. Le dessin précis de feu Arno, dans une veine proche de celle de Moebius de l’âge d’or des Humanoïdes associés, est aussi un atout non négligeable : ligne élégante, proportions impeccables, sens du mouvement et colorisation en aplats kitchissîmes…
