L'histoire :
Alef-Thau, né enfant tronc sur la planète Mu-Dhara, a récupéré une jambe grâce au fluide vital d’un vaisseau. Désormais, il n’a de cesse de vouloir retrouver sa promise, Diamante, une immortelle, qui est – il le sait – intimement liée à sa quête majeure : libérer les peuples Voulfs et Dhariens de l’emprise du tyran Ner-Ramnus. Ayant appris que Diamante se trouve désormais dans l’« endocentre », Alef-Thau et son précepteur Hogl se rendent auprès de l’arbre de la sagesse, pour qu’il leur indique la voie. Or, en contrepartie de la connaissance qu’il transmet, l’arbre négocie un œil ! Courageux, Alef-Thau accepte. Il devient donc borgne et se prête à une longue épreuve initiatique dans les entrailles de l’arbre, au cours de laquelle il affronte les 4 éléments. Il ressort du tronc un beau matin, avec des cheveux suffisamment longs pour que Hogl lui fasse une longue tresse. L’arbre lui donne également son unique feuille, plus coupante que n’importe quel acier, qu’il fait accrocher à l’extrémité de sa natte. Hogl lui taille également une jambe de bois, afin qu’il puisse se mouvoir par lui-même. Ainsi paré, il va devoir se livrer à des combats au corps à corps dans une arène sordide, afin de remporter un tournoi. Le premier prix est en effet le droit de demander ce qu’il veut à un « barquier » qu’il l’emmènera à l’endocentre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Peu importe pourquoi, peu importe comment : le très handicapé Alef-Thau (né sans bras et sans jambe, il commence cette fois par perdre un œil) poursuit de manière hyper linéaire une quête de 8 tomes riche en rebondissements, qui le mènera à libérer les siens d’un vague joug tyrannique. Les amateurs de BD auront reconnu dans ce synopsis la patte scénaristique d’Alessandro Jodorowsky, qui ne s’encombre guère de vraisemblance ou de psychologie des personnages, pour propulser son héros à travers des périples inventifs. Car de l’imagination, il en fallait une sacrée dose, à l’époque de la première édition de cette saga (dès 1983), pour pouvoir accumuler autant d’épreuves hétéroclites. Il faut donc lire chacun des chapitres/volets essentiellement de manière détachée, au premier degré, comme pour un joli divertissement coloré. Car dans une veine moebiusienne somptueuse, le dessin du feu Arno est impressionnant de maîtrise, aussi bien pour la majesté des paysages, que dans les mouvements et proportions des créatures (la bataille de la pleine-planche 37 se déguste de longues minutes). A part cela, on ne retient quasiment qu’une chose au terme de ce second volet ébouriffant de péripéties abracadabrantes : Alef-Thau y glane un bras. Ce qui sera tout de même pratique pour tourner les pages de la suite (Delcourt a programmé la réédition de la saga complète sur toute l’année 2010).