L'histoire :
Les recherches génétiques entreprises sur la faune et la flore de la planète Aquablue ont confirmé ce que l’humanité suspectait : les terriens sont les descendants des indigènes d’Aquablue. Dès lors, des colons terriens revendiquent le droit de s’installer sur la Terre de leurs ancêtres, la nouvelle Eden… et la règlementation interplanétaire est modifiée en ce sens. Bien que les terriens viennent cette fois en paix et respectent la nature, les indigènes « bleus » voient d’un très mauvais œil cette intrusion massive dans leur écosystème. Un groupe mené par un certain Charles Landon, trop aimable pour ne pas être suspect, étend son campement sur Ouvéa, à proximité du village de Mi-Nuee et d’Ylo. Nao et ses amis se rendent quant à eux au pôle nord, où une intense activité humaine a été repérée, alors qu’aucune autorisation d’implantation n’a été accordée. Ils y découvrent un gigantesque chantier industriel… mais aux activités top-secretes. La directrice du centre leur explique qu’ils respectent la législation : ils sont sur la banquise, donc en dehors des terres émergées ; ils ne polluent pas et n’exploitent aucune ressource naturelle non renouvelable. Tout cela est tout de même très suspect pour Nao. Il laisse son ami Rabah sur place, pour qu’il mène une petite enquête en toute discrétion. Leur étape suivante est une des lunes d’Aquablue, où une autre activité est détectée. Ils y sont carrément pris en chasse par un astronef…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La grande série mythique de Delcourt est bien de retour. Sous la férule du scénariste Régis Hautière et du dessinateur Reno, les aventures de Nao retrouvent clairement le souffle épique des débuts, en s’appuyant sur une intrigue solide, richement fondée et non manichéenne. La problématique du nouveau cycle entamé par le tome 12 est apportée par le lien génétique établi entre les terriens et les « aquabluien ». En trame de fonds, la question des origines humaines fait effectivement toujours débat dans les milieux scientifiques actuels, divisant les darwiniens et les interventionnistes. Ici, des individus essaient de profiter de cette révélation qui redistribue les cartes. Profits industriels ? (quelle est la nature des activités polaires ?). Opérations climatiques clandestines ? (pourquoi détruire les installations lunaires ?). La seule certitude vient des manipulations de foules – mystiques et politiques – bel et bien en œuvre au travers du groupe mené par Landon. Ce large scénario force aussi la trame narrative à être plus morcelée : les lieux s’alternent en autant de séquences distinctes. Cela permet aussi à Reno de s’éclater avec des décorums variés et drôlement chiadés. Son dessin infographique en est même parfois presque trop réaliste, à la limite de la photo (les vues sur Ouvéa, les poursuites spatiales avec la lune et Aquablue au fond, l’amerrissage forcé du Stromboli…). En tout cas, ce graphisme incroyablement abouti demeure en toute circonstance cohérent et participe pleinement à l’immersion du lecteur dans cet univers de science-fiction attachant. Au terme de ce 13ème opus, une sacrée chienlit s’est installée… qui s’éclaircira peut-être au tome 14.