L'histoire :
Oppenheimer, Kerouac et Cassady frappent à la porte de William Burroughs, dans sa maison de Saint Louis. L'écrivain réussit, au cours de la nuit, à leur obtenir de faux papiers, qui vont leur permettre de quitter le pays vers le Mexique. Le grand physicien est poursuivi par des hommes mandatés par Hoover, dont Elliott Ness, tandis que l'écrivain est coupable de désertion. Lorsqu'ils quittent les lieux, le lendemain matin, et parviennent à échapper à une voiture du FBI, ils ignorent qu'un autre véhicule plein d'agents secrets à la solde de l'URSS les surveille également. Ils décident de s'arrêter en route pour participer à une grand fête organisée près de Memphis dans le Tennessee. Une idée aussi imprudente qu'inattendue, mais l'occasion pour les trois hommes de faire de nouvelles rencontres. Artistes et écrivains marginaux se retrouvent à la nuit tombée pour boire et fumer au milieu des poètes, des activistes politiques et des libertaires. Mais leurs poursuivants ne sont pas loin. Oppenheimer détient le secret de l'arme nucléaire dont les tests doivent se poursuivre. Après les victoires en Europe en 1944 et 1945, les Etats-Unis veulent mettre fin au conflit avec le Japon, sans avoir à déclencher le débarquement de troupes sur l'île. L'opération Downfall deviendra-t-elle inévitable ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fred Duval et Jean-Pierre Pécau poursuivent leur exploration d'une réalité alternative dans laquelle Oppenheimer aurait abandonné ses recherches sur l'arme atomique, tout près du but. Ils prennent un plaisir visible à introduire dans l'aventure une série de figures cultes de l'après-guerre aux Etats-Unis, de Kerouac à Burroughs, en passant par Grinsberg, Eliot Ness ou l'agent double Kim Philby. Ce deuxième opus est d'ailleurs un peu trop plein de ces noms célèbres, dont il faut parfois rechercher les faits d'armes sur le net pour comprendre leur présence dans l'intrigue. De tout évidence, une fois passé le pitch initial de la fuite d'Oppie, c'est le groupe de marginaux qui intéresse les auteurs. Cette vie en marge de la société où vie d'artiste et consommation de drogues commencent à former un duo sulfureux, cette Amérique alternative qui se passionne pour la poésie et les musiciens de jazz majeurs qui émergent. La partition graphique de Denys reste de très haut vol, précise, nerveuse et fluide, riche de plans percutants et efficaces. L'ex-partenaire de Joel Callède dans de beaux polars noirs montre une maturité discrète mais puissante, aussi bien dans les scènes de virées en voiture que lorsque des avions militaires traversent le ciel. Les enjeux militaires et politiques s'entremêlent sur fond d'alternative libertaire, tandis que les soldats américains affrontent des combattants jusqu'au-boutistes sur les îles japonaises.
