L'histoire :
1976 en France. Les Américains ont débarqué sur les plages de Normandie pour mettre fin à la guerre civile qui a éclaté en France, à Paris en particulier. Maintenir la paix ou protéger les intérêts de l’Oncle Sam : les soldats ne savent finalement pas très bien quelle doit être leur mission. Le général de Gaulle est effet décédé de manière suspecte, pendant la révolution de Mai 68. Aussitôt, plusieurs factions se sont opposés : des communistes, des punks, des religieux intégristes. Huit ans plus tard, Paris est devenue une ville martyre, une zone de non-droit et d'affrontements entre factions rivales. Scènes d’apocalypse et de fin de monde au cœur de Paris : immeubles ravagés, monuments et ponts détruits, barricades et zones protégées ou gardées... C’est dans ce chaos indescriptible que débarquent de nouvelles troupes de l'ONU, accompagnées d'un photographe de guerre au comportement douteux, Oliver Nooman, dont la présence semble dépasser le seul cadre du reportage... Lui n’a qu’un objectif en fait : rallier la butte Montmartre. Mais pourquoi ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sorte d’écho au tome 6 (L'imagination au pouvoir), cette huitième uchronie autonome propose une alternative apocalyptique au contexte socio-politique français des années 70 issu de Mai 68, et confirme la difficulté de l’exercice (tome 6 improbable, tome 1 trop sage). Et si De Gaulle était mort en 1968 ? Et si une guerre civile avait réellement éclaté à Paris, mettant à feu et à sang la capitale et son symbole, la Tour Eiffel ? Et si les punks, les cathos ou les cocos prenaient le pouvoir ? L’idée était séduisante : changer les conséquences de Mai 68 et proposer une suite dans un Paris en ruines, à l'ombre d’une guérilla urbaine jouissive jouée par des acteurs connus, croisée avec une intrigue de trafic de tableaux. Intéressant au début, l’exercice convainc de moins en moins au fil des pages. Plusieurs raisons à cela : une intrigue très banale, l’impression d’un exposé uchronique forcé et improbable (c’est un comble diront certains !), sans doute pas assez ancré dans la réalité de l'époque pour qu'on y croit suffisamment, et enfin des personnages très caricaturaux (punks drogués versus ayatollahs illuminés). Autre bémol : la volonté de vouloir caser trop de références qui ne parleront pas au plus grand nombre et un rythme qui, passé 20 pages, ralentit pour un scénario qui a tendance à tourner à vide une fois les jalons posés. 54 planches, c’est en effet un peu court pour métamorphoser une époque sous un autre jour, tout en rythmant une intrigue. Quant au dénouement final, il n’est guère convaincant. Résultat, le scénario fait du remplissage en plus d'être assez improbable, tenants et aboutissants étant trop flous ou rapidement expédiés (voir le décès de de Gaulle : pas d’explications, c’est plus pratique…). La partition graphique de Damien fait le job dans un style semi-réaliste sans virtuosité particulière, assez jubilatoire quand il s’agit de décrire un Paris renversé, brûlé et détruit (et ça ne coûte pas un kopeck !), mais globalement trop sage et académique. Peu crédible, ce tome 8 fait partie des épisodes anecdotiques de la série…