L'histoire :
La formidable croisade vers les terres du Khan Ogedeï a donné lieu à une première et sanglante défaite. Tous les espoirs des puissances européennes résident dès lors dans une nouvelle négociation aux contours inattendus. A l'intérieur des murs d'enceinte de la capitale Mongol Karakorum, Guillaume, le jeune moine impétueux, poursuit son éducation médicale avec son aîné Matteo. Lorsqu'ils voient passer un long cortège de prisonniers aux habits de croisés, parmi lesquels Renaud, le frère de Guillaume, ils réalisent l'ampleur de l'échec. En tentant d'intervenir, ils sont faits prisonniers et rejoignent derrière les barreaux Aleksandar, le mercenaire, qui n'a perdu ni son courage si sa volonté d'en découdre. Lorsque le grand Khan tombe gravement malade suite à un probable empoisonnement, les soldats viennent chercher Guillaume, à la demande de l'impératrice. Sa science pour guérir les hommes devra faire des miracles afin qu'il garde l'espoir de rester lui-même en vie. Aleksandar parvient à s'échapper d'un sac de toile où il est enfermé pour y mourir en guerrier selon les rites mongols. Il reprend contact avec le jeune moine, quelques semaines avant son entrevue avec le grand Khan. C'est dans ce tête-à-tête entre un moine guérisseur et un empereur tout-puissant que va se dessiner une stratégie possible entre anciens ennemis, dont Guillaume et Aleksandar vont devenir les messagers...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Igor Kordey se charge de mettre en images le second volume de la saga démarrée dans le tome 22 de Jour J, celui de la confrontation stratégique entre les missionnaires et chevaliers venus d'occident et une armée mongole surpuissante. Le dessinateur amateur de scènes de combat déroule son style plein de muscles et de testostérone, à mi chemin entre le truculent Richard Corben et le bien moins connu Paul Gulacy, lui aussi auteur clé des comics américains des années 70. Ce tome de clôture est moins riche en scènes épiques et en armées qui s'affrontent, plus porté sur le développement d'une stratégie imprévue entre l'armée mongole et les vaincus. Jean-Pierre Pécau en profite pour éduquer le lecteur sur les ordres monastiques rivaux dans l'Europe du XIIIème siècle, au point que la dimension uchronique de son scénario disparaît presque, absorbée dans la logique décalée qu'il a construite. C'est le vrai bénéfice de ce développement en deux volumes, qui permet de plonger le lecteur dans une histoire cohérente et approfondie, sans demander une érudition historique phénoménale. Le voyage vers l'Europe de Guillaume et son compagnon mercenaire se déroule alors de manière très directe, à la manière d'un récit d'aventure traditionnel qui voit ses héros affronter des difficultés successives, avant de pouvoir mener à bien leur mission. Sans grande surprise néanmoins, jusqu'à une scène finale qui donnera tout son sens à la construction de cette saga en plus de 110 pages.
